Les Beatles se sont-ils déchirés avant leur séparation ? Peter Jackson récuse la version du documentaire Let It Be (1970) avec sa série The Beatles : Get Back. Immersion inédite et somptueuse dans les sessions d’enregistrement du dernier album des Fab Four, elle révèle une joyeuse complicité et la force, unique, de leur créativité.

Par Christelle Laffin

Three weeks in a Life

Janvier 1969 :  une équipe de télé britannique débarque aux studios de Twickenham, à Londres pour s’enfermer dans le studio 1 avec le plus grand groupe de pop au monde. Sa mission ?  Filmer les Beatles pendant 3 semaines, lors de la préparation de leur(s) prochain(s) album(s) et les répétitions de leur premier concert en 2 ans, jusqu‘à l’événement, filmé sur le toit des studios Apple (des Beatles) de Savile Row.

Michael Lindsay-Hogg, le réalisateur, connaît déjà les lads de Liverpool. Il a réalisé leurs « clips » de Paperback Writer et de Rain. En confiance, ils souhaitent mener à bien ce projet censé redynamiser leur carrière. Une idée de Paul McCartney, qui depuis quelques mois sent le groupe se disloquer et souhaite le rassembler en faisant ce qu’ils font de mieux : de la musique, ensemble…

Lindsay-Hogg signera Let it Beun acompte « dark » des tensions qui animent les Beatles et ont mené à leur implosion, juste après la sortie de leur 12ème album, le 8 mai 1970.  Avec les même 60 heures de rush et 150 h d’enregistrement audio, Peter Jackson, qui récupéré les bandes remasterisées en 2017, confirme l’adage du septième art selon lequel « On sauvera ça au montage ». Car avec sa mini-série documentaire The Beatles : Get Back, le réalisateur de la saga du Seigneur des Anneaux raconte une toute autre histoire.

Retour aux sources

En trois fois 2 heures, ce beatlemaniaque attentif nous offre un moment d’intimité unique avec des musiciens géniaux, au sommet de leur art, à un moment charnière de l’histoire du rock. Certes, les tensions restent palpables. Quand George Harrison claque la porte du groupe, lassé des prises de pouvoir du duo Lennon-McCartney, par exemple. Le lendemain, réunion de crise pour sauver le projet.

Les yeux de Paul s’embrument. La caméra se fige sur cette super star de 26 ans : au moment où il se mord le pouce, agitant nerveusement la jambe, comme un enfant dépassé par les événement, et qui s’en voudra longtemps, à tort, d’avoir précipité la fin des Fab Four.

Ces nombreux instants de vérité et de complicité, entre jams déjantés, visite des proches, enregistrements de morceaux mythiques, et dialogues à l’humour décalé, constituent l’essence du propos de Peter Jackson, qui depuis le parodique Forgotten Silver (1995) et l’historique Pour les Soldats Tombés (2018) assoit ici ses talents de documentariste. « Si on est transparents, on aura un très bon documentaire.

Mais si on dissimule, on n’aura pas grand-chose » disait Michael Lindsay-Hogg au 8ème jour de son tournage en 1969. Cette transparence, il l’aura heureusement laissée en cadeau à Peter Jackson.  Loin de la com’ Instagrammable et ultra contrôlée du show-biz d’aujourd’hui, The Beatles : Get Back le bien-nommé constitue un retour aux sources d’un âge d’or du rock, encore empreint de sincérité et d’une certaine innocence. « A la fin, l’amour que l’on emporte avec soi est celui que l’on a fait » chantaient les Beatles sur le dernier morceau d’Abbey RoadThe End. Quarante ans plus tard, c’est cet amour, de leur musique, et de leur fabuleux destin qui nous restera avec ce Get Back.

Sortie : Le 26 novembre 2021 sur Disney+ – Durée : 150 mn – Réal. : Peter Jackson – Avec : John Lennon, Paul McCartney, Ringo Starr, George Harrison… – Genre : Documentaire – Nationalité : Américaine – Visuels : © Walt Disney Studios Motion Pictures Germany

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