Premier volet d’une trilogie La Vie après Daech, 9 Jours à Raqqa, en salle le 8 septembre, réalisé par Xavier de Lauzanne, retrace le destin d’une femme exceptionnelle, Leila Mustapha, maire de Raqqa, en Syrie. Un documentaire fort, bouleversant, éclairant, nécessaire.

Par Grégory Marouzé 

Xavier de Lauzanne

Xavier de Lauzanne, ancien étudiant en hôtellerie, mit en place des formations hôtelières pour gamins défavorisés en Martinique, au Vietnam et au Cambodge. Passionné par l’image, il s’achète une caméra, réalise des documentaires qui portent ses convictions humanistes.

Ce seront, notamment, Retour sur la RC4 (2001) sur les anciens combattant en Indochine, D’une seule voix (2009) consacré à une tournée de musiciens israéliens et palestiniens, juifs, chrétiens, musulmans, puis Les Pépites (2016) sur un couple de français dont le combat a permis à 10.000 enfants cambodgiens d’accéder à l’éducation. Le film, un vrai succès, réunit 220.000 spectateurs en France.

Un projet de Marine de Tilly

9 Jours à Raqqa naît du projet de la journaliste Marine de Tilly. Cette critique littéraire, qui a réalisé des documentaires en Syrie et en Irak, veut consacrer un livre à Leila Mustapha, 30 ans, devenue (fait incroyable) maire de Raqqa, l’ancienne capitale autoproclamée de l’État Islamique en Syrie.

Raqqa étant une ville dangereuse, défigurée de toutes parts (le film nous apprend qu’aucune ville n’a été tant bombardée depuis la guerre du Vietnam), la journaliste n’a que neuf jours pour recueillir le témoignage de Leila Mustapha.

Au coeur du récit

Démarrant sur des images d’archives du Printemps arabe, le film de Xavier de Lauzanne évite tout écueil : aucune place n’est laissée au pathos, au misérabilisme. Comme Leila Mustapha est une femme d’action, de Lauzanne nous plonge d’emblée au cœur du récit.

Le film est raconté du point de vue de Marine de Tilly. Elle est la narratrice du film, par le biais d’une voix off. Cependant, le piège eut été de lui donner trop de place. Si la journaliste est l’élément déclencheur de cette histoire, elle demeure dans l’ombre. La caméra colle aux basques de Leila Mustapha, tout entière dévouée à sa ville et son pays, meurtris par 7 ans de guerre.

Rien ne semble pouvoir l’arrêter, surtout pas Daech. Si elle a peu de temps à lui consacrer, Leila Mustapha se raconte tout de même à Marine de Tilly, entre deux chantiers, réunions, rendez-vous. Cependant, ce sont les images de la jeune femme au travail, au “combat”, qui la définissent le mieux.

25.000 bâtiments détruits

Comme le réalisateur suit Leila Mustapha dans Raqqa, il nous offre tout autant un portrait de la ville. La caméra navigue entre terrains vagues, artères, qui furent autrefois des rues, des quartiers. Plus rien ne tient debout : les immeubles sont éventrés, transpercés de toutes parts par les impacts de balles. Tout est à reconstruire par Leila : écoles, musées, centrale électrique, hôpital, mosquée. En tout, 25.000 bâtiments furent détruits.

L’espoir s’impose

Découvrir 9 jours à Raqqa quand Kaboul vient de tomber entre les mains des talibans, laisse un temps exsangue. La folie des hommes semble ne jamais pouvoir s’arrêter. Mais, paradoxalement, l’énergie, la force, les convictions, l’engagement de Leila Mustapha emportent le morceau. In fine, grâce à cette femme, c’est l’espoir qui s’impose. Alors, on sort revigoré de la vision de ce film.

Sortie : Le 8 septembre 2021 – Durée : 1h30 – Réal. : Xavier de Lauzanne – Genre : Documentaire –Musique :Ibrahim Maalouf – Nationalité : Franco-syrienne – Distribution : L’Atelier Distribution – Visuels : L’Atelier Distribution © Jean-Matthieu_Gautier

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