Steven Spielberg donne un coup de pinceau numérique à un classique de la comédie musicale. Interminable, tape à l’œil et vain.

Par Marc Godin

Une drôle d’idée…

A 74 ans, Steven Spielberg, le génie derrière Jaws, Il faut sauver le soldat Ryan ou Minority Report, réalise un rêve de longue date en signant une nouvelle adaptation de West Side Story, le spectacle original de Broadway (1957) de Leonard Bernstein, Stephen Sondheim et Arthur Laurents, avec une mise en scène et une chorégraphie de Jerome Robbins (attention, les publicists de chez Disney nous intiment de dire que ce n’est pas un remake du film de Robert Wise).

Pourquoi pas ? Spielberg a gardé la musique, les anthologiques « Maria », « I Feel Pretty », « Somewhere », « America , mais avec le scénariste Tony Kushner (Angels in America, Munich), mais il tisse des liens avec le présent (trop fort), donne une place plus importante aux femmes, booste l’aspect politique et l’arrière-plan social, discute les enjeux d’identité, envoie plein de messages importants (le racisme, c’est mal, la violence n’est pas une solution) et balance même un personnage trans, interprété par un comédien-ne non-binaire… Woke Side story ?

Pour la génération Tik Tok

L’intrigue – un remix de Roméo et Juliette – est toujours la même. Dans les bas-fonds new-yorkais, deux gangs de jeunes prolos, les Sharks et les Jets, s’affrontent pour un bout de territoire tout pourri, avec des taudis promis à la destruction. Mais bientôt, Tony tombe éperdument amoureux de Mariaaaaa…

Avec le fidèle Janusz Kaminski (Schindler, Le soldat Ryan, A.I., Arrête-moi si tu peux…), Spielby s’offre un festival de travellings, de mouvements tarabiscotés de louma, de plans marrants, sublime les chorégraphies et fait le malin en saupoudrant le tout d’ombres expressionnistes et de lumières christiques.

On comprend alors qu’il voulait faire voir ses petits muscles et réinventer le genre. Mais très vite, on a la désagréable sensation d’assister à un West Side Story pour la génération Tik Tok, avec un symbolisme atroce, des messages surlignés ou des plans repompés à droite ou à gauche (notamment à Rusty James de Francis Ford Coppola)…

Médusé, on subit ce truc sans âme, tiède, interminable (durée : 2h 37, ressenti : 8 heures). Il faut dire que Spielby n’est pas aidé par son casting. Pour les membres du gang portoricain, Spielberg engage de vrais Hispaniques, et non des acteurs blancs grimés comme dans la version de 57.

Il aurait dû opter pour l’option bons comédiens car le cast est une catastrophe, notamment les hommes, particulièrement inexpressifs. La palme revenant à Ansel Elgort, déjà insupportable dans Baby Driver, Roméo sous Tranxene, au charisme d’un lombric neurasthénique.

Pour faire un clin d’œil aux cinéphiles, Spielby distribue Rita Moreno, 89 ans, qui jouait Anita dans le film original. L’ancienne fiancée de Marlon Brando et d’Elvis Presley, qui a passé sa vie à lutter contre l’intolérance et pour les droits civiques, entonne même « Somewhere (There’s a Place for us) » (tu as compris le message, hein ?). Séquence émotion…

Un film inutile

Pire qu’un film raté, West Side Story est un film inutile. Après plus de 15 ans de demi-succès ou de vrais échecs (Le BGG, l’atroce Ready Player one, Tintin, Indiana Jones 4…), Spielberg continue de remixer (après les remakes de La Guerre des mondes ou Always) et de bégayer. Triste pour un dieu du cinéma…

Sortie : Le 8 décembre 2021 – Durée : 2h37 – Réal. : Steven Spielberg – Avec : Jeff Le Protto, Ansel Elgort, Rachel Zegler… – Genre : Biopic – Nationalité : Américaine

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