Dans les 70’s, à Long island, le petit Jr (Daniel Ranieri) se découvre une vocation d’écrivain auprès d’un oncle « cool », propriétaire du bar local (Ben Affleck)… Adapté d’un best-seller autobiographique, le film de George Clooney relève plus d’une collection de jolies cartes postales sepia que du poignant récit initiatique espéré.

Par Christelle Laffin

Les versions italiennes et espagnoles du roman autobiographique du journaliste américain Jr Moehringer (non traduit en France) dont Tender Bar est adapté, s’intitulent Le bar des grandes espérances. Référence au chef d’œuvre de Charles Dickens, et au nom de l’établissement, le « Dickens » tenu par l’ « oncle Charlie » de Jr (le formidable Daniel Ranieri, dans son premier rôle), bibliophile convaincu, éternel célibataire à demeure chez ses parents et mentor charismatique du petit garçon.

Ces « grandes espérances » sont celles de sa maman, fauchée, et contrainte de retourner vivre elle aussi dans la maison de son enfance à Long Island (Côte Est des Etats-Unis) après sa séparation d’avec un animateur radio local, le père alcoolique et abandonnique de Jr.

Cette secrétaire « sait » que son fils, incarné à l’adolescence et l’âge adulte par Tye Sheridan (Ready Player One) « fera son droit à Yale », et l’objet de cette comédie dramatique, à la narration aussi terne qu’un « Dry January »-même si elle se déroule en grande partie dans un…bar – est d’accompagner ce futur auteur vers le destin dont lui et sa famille rêvent.

Clooney réalisateur

Depuis ses débuts derrière la caméra, George Clooney aligne les réussites, de Confessions d’un homme dangereux à Good Night and Good Luck et Bienvenue à Suburbicon et les succès, disons, relatifs, Monuments Men en tête.

Nostalgique et en partie, aussi, autobiographique (Clooney avait un oncle qui vivait au-dessus de son bar), son Tender Bar se range dans une catégorie intermédiaire, pêchant surtout par son défaut de scénario, triste comble pour l’adaptation d’un best-seller écrit par un lauréat du prix Pulitzer (Albert Londres américain).

Un Oscar pour Ben Affleck

Sans colonne vertébrale, sa réalisation revêt une dimension quasi aléatoire, impression renforcée par un montage aux coupes souvent problématiques. Reste un écrin à  « Oscar du meilleur second rôle » pour Ben Affleck, aminci et goguenard dans le rôle du cool oncle Charlie, Tender Bar offre quelques scènes savoureuses, comme l’hilarant cours de « Science des mâles » que Charlie donne à son neveu (« où cacher l’argent que l’on ne dépensera jamais pour acheter un verre, « ne jamais frapper une femme, même si elle t’a  poignardé avec des ciseaux ») ou la touchante  « journée des papas » à l’école de Jr, où son grand-père, bougon forcément au grand coeur (épatant Christopher Lloyd, Doc de Retour vers le Futur) remplace élégamment au pied levé un père douloureusement absent.

L’enfance sans père

Tye Sheridan semble traverser en touriste souriant son parcours d’apprenti journaliste, amoureux d’une gosse de riches qui le rejette, sans vraiment l’incarner.

Même quand sa mère se découvre un cancer-qui disparaît sans qu’on en reparle vraiment, on peine à s’investir dans la trajectoire de Jr, fils d’une famille modeste et excentrique, qui finit (spoiler !) par décrocher son entrée à Yale, mais pour devenir…journaliste et écrivain (donc).

On préfèrera donc la première partie sur l’enfance sans père, thématique ô combien centrale du cinéma américain depuis les années 70-80 (de Spielberg-E.T. aux films Pixar-Toy Story et indés-St Vincent, de Theodore Melfi) emplie de la tendresse promise par le titre et de la complicité entre Affleck et son neveu de fiction.

Sortie : Depuis le 7 janvier 2022 sur Amazon Prime Video – Durée : 1h40 – Réal. : George Clooney – Avec : Ben Affleck, Lily Rabe, Tye Sheridan.. – Genre : Comédie dramatique – Nationalité : Américaine 

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