The Serpent
L’histoire vraie de Charles Sobhraj, escroc notoire doublé d’un serial killer impitoyable motivé par le Hippie trail, qui sévira dans les années 1970 avec sa compagne Marie-Andrée Leclerc, en Thailande, Népal et Inde. Une mini-série très réussie du duo Richard Warlow et Toby Finlay avec un Tahar Rahim méconnaissable et très inquiétant.
Par Sylvain Monier
J’avais bien aimé Once Upon a Time in… Hollywood, où Quentin Tarantino, délesté du joug d’un Harvey Weinstein démocrate (financier du parti) pouvait se lâcher et s’émanciper des tabous d’une gauche américaine en présentant des hippies tueurs qu’il fallait éliminer – quoi qu’il en coûte.
J’avais aussi remarqué l’absence d’acteurs noirs dans ce film qui marquait une forme de « cinéma en liberté » par rapport aux impératifs du moment. En 1969, il n’y avait pas de Noirs à West Hollywood et Tarantino, dans sa volonté quasi-maniaque de retranscrire l’époque a eu la possibilité de le faire sans que quiconque l’emmerde pour cela.
On se doutait bien que depuis la mort sociale d’Harvey Weinstein, Tarantino avait gagné en liberté. Il n’était plus contraint de faire des films sexistes (Kill Bill, Les 8 salopards dans lequel Jennifer Jason Leigh se fait massacrer à coups de poings sous les rires du public) ou des nanards débiles comme Inglorious Basterds. Mais bref, là n’est pas le sujet.
Une manipulation qui fait froid dans le dos
Dans la série The Serpent (actuellement sur Netflix), la victime est, à l’inverse, une victime et on compatit à son sort. En dépit du fait que le hippie (ou plutôt le baba cool, la série se situant en 1975) est ici présenté comme un agent soft de l’impérialisme américain par un serial killer qui justifie ainsi la conséquence de ses actes avec un rare cynisme et un sens de la manipulation qui fait froid dans le dos (comme Charles Manson finalement).
Ce tueur est tellement détestable que l’on ressent de la compassion pour ces hippies un peu neuneus, un peu inconséquents, tellement « ouverts sur le monde ». Une valeur devenue aujourd’hui une injonction par ce que certains nomment aujourd’hui l’« oligarchie » (soit des ex-hippie devenu patrons).
En conséquence, on sent comme un malaise vis-à-vis de cette affaire. Comme si ce tueur (qui justifie ses actes par une idéologie marxiste dévoyée) réglait ses comptes, à l’avance, avec des dirigeants qui règnent sur nos vies en ce moment.
Drôle de série (très réussie) et très, très ambiguë qui vaut le détour. Chez Tarantino, le hippie est un bourreau qu’il faut tuer, dans The Serpent, il est une victime qui finira par avoir ta peau.
Sortie : Mars 2021, exclusivement sur Netflix – Durée : Mini-série 8 épisodes – Réal. : Richard Warlow, Toby Finlay – Avec : Tahar Rahim, Jenna Coleman, Billy Howle… – Genre : Biopic – Nationalité : Britannique
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