Mank
David Fincher revient aux affaires avec une mise en abyme hollywoodienne qui nous plonge dans les arcanes de l’écriture du Citizen Kane d’Orson Welles, par le prisme de son scénariste Herman Mankiewicz. Une œuvre brillante même si un peu trop clinquante par moment.
Par Colonel Dawa
Après six ans d’absence, depuis Gone Girl, quelques épisodes de House of Cards et surtout les deux saisons impeccables de Mindhunter, c’est le grand retour de David Fincher au format long, et pour l’occasion, le réalisateur s’est attaqué à un sujet totalement cinéphilique, Citizen Kane, le chef-d’œuvre absolu qu’Orson Welles réalisa en 1941, à seulement 25 ans.
Meilleur film de tous les temps
Citizen Kane est régulièrement cité comme un des plus grands films de l’histoire du cinéma, et fut même sacré meilleur film de tous les temps, par un sondage pour la BBC, le plaçant devant Le Parrain de Coppola et Sueurs Froides d’Hitchcock. Le long-métrage sera nommé neuf fois aux Oscars, et n’en rapportera qu’un seul, celui du meilleur scénario, attribué à Herman Mankiewicz alias Mank.
Orson Welles déclarera : « Le public est seul juge. Kane est à la fois un idéaliste et un escroc, un très grand homme et un individu médiocre. Tout dépend de celui qui en parle. Il n’est jamais vu à travers l’œil objectif d’un auteur. Le but du film réside d’ailleurs plus dans la présentation du problème que dans sa solution »
C’est formidable !
Lorsque Citizen Kane a débarqué dans les salles, son slogan était tout simplement « C’est formidable ! », et c’est, à quelques bémols près, ce qu’on a envie de clamer quant au film de Fincher, ce dernier s’attardant moins à la fabrication de Kane, qu’à la personnalité étonnante de Mankiewicz, joueur alcoolique, écrivain hollywoodien, qui va être plongé dans une histoire qui va faire de lui, le scénariste – ou coscénariste avec Welles selon les versions – d’un chef-d’œuvre référent du cinéma.
Un casting impeccable
Pour son hommage à l’âge d’or hollywoodien, David Fincher a su s’entourer d’un magnifique casting, avec en tête Gary Oldman dans le rôle-titre. Le comédien auréolé d’un Oscar suite à son rôle de Churchill dans Les heures Sombres, livre ici une performance éblouissante, qui même si en réalité, Oldman est plus âgé que le Mank de l’époque, il se confond, voire se fond totalement avec son personnage, et probablement un nouvel Oscar à la clé.
Oldman est également accompagné à la distribution de la sublime Amanda Seyfried, qui incarne également à merveille toute la beauté fragile de la comédienne Marion Davies, et dont la légende raconte que Fincher l’aurait poussé à rejouer plus de 200 fois une scène, pour plus de justesse, scène qui de surcroit, ne possède aucun dialogue.
On retrouve également la talentueuse Lily Collins – qui s’échappe là avec finesse, de sa série girly Emily in Paris – dans la peau de Rita Alexander, qui terminera sa carrière en 1978 dans la série Drôles de Dames.
Mank est un film très personnel pour Fincher, le scénario originel ayant été écrit en 1990 par son défunt père Jack, Mank était d’ailleurs prévu pour un tournage en 1997, avec Kevin Spacey et Jodie Foster dans les rôles principaux.
Brillant mais… un peu trop « bling-bling »
Pour son 11e long métrage, côté technique, Fincher s’est également entouré de nombreux talents, à commencer par Erik Messerschmidt, qui offre là une image noir et blanc totalement sublime, Kirk Baxter, qui livre un montage éblouissant, le tout accompagné d’une bande-son signée Trent Reznor et Atticus Ross, qui laisse tout simplement penser que le film aurait pu être réalisé en 1940.
A l’arrivée, le cinéaste débarque sur Netflix avec une œuvre étonnante et brillante, mais qui parfois, laisse trop la forme l’emporter sur le fond, et lui confère par moments, une image un peu trop « bling-bling », qui vient réellement nuire à l’intention.
Mank, que l’on aurait largement préféré voir sur grand écran, malgré ses qualités indéniables, ne sera malheureusement pas le… Citizen Kane de David Fincher.
Sortie : Le 4 décembre 2020 sur Netflix – Durée : 2h 12 – Réal. : David Fincher – Avec les voix de : Gary Oldman, Amada Seyfried, Lily Collins … – Genre : biopic – Nationalité : Américaine
Orson Welles déclarera : « Le public est seul juge. Kane est à la fois un idéaliste et un escroc, un très grand homme et un individu médiocre. Tout dépend de celui qui en parle. Il n’est jamais vu à travers l’œil objectif d’un auteur. Le but du film réside d’ailleurs plus dans la présentation du problème […]