Judy
Par Marc Godin
Fin des années 60, l’actrice Judy Garland picole, gobe des médocs et tente un come-back à Londres. Du cinéma moisi, avec Renée Zellweger en roue libre.
Auréolé de son Oscar, Judy sort enfin en France. La critique balance ses jeux de mots habituels (« Une étoile est Renée ») et loue la performance « habitée » de Renée Zellweger dans la biographie dépressive de l’actrice du Magicien d’Oz et d’Une étoile est née.
Pourtant, rien ne fonctionne dans ce biopic incroyablement cheap, académique et bas de plafond. Tout d’abord, le scénario, signé d’un des auteurs de la série The Crown, qui situe l’action à la fin des années 60.
Judy Garland n’est plus que l’ombre d’elle-même, elle entame son dernier tour de piste, sa descente aux enfers. Sa carrière décline, elle picole, se drogue, se bat pour la garde de ses deux enfants et pour trouver de nouveaux contrats, de l’argent, de l’amour.
Ruinée, elle entame une série de récitals à Londres, « le plus gros flop de sa carrière », selon un journaliste de l’époque. Sur scène, elle flotte, oublie les paroles de ses chansons, mais certains soirs, la magie fonctionne à plein rendement et la voix de Judy résonne, plus pure que jamais.
Elle mourra l’année suivante, lessivée, d’une overdose de barbituriques. Elle avait 47 ans.
Un festival de grimaces
Réalisateur de séries télé, Rupert Goold filme la chute, la déchéance. Judy est à la ramasse avec ses gosses, bouffe des amphétamines par paquet de douze, tourne en rond dans sa loge… C’est laborieux, interminable, aussi passionnant qu’une flaque d’huile.
Pour bien te faire comprendre le trauma, Goold révèle avec des flashbacks vintage le passé d’enfant star de Judy, l’emprise de sa mère, du producteur tyrannique de la MGM Louis B. Mayer, qui l’aurait également harcelée…
Judy Garland était donc cette femme perdue, dont on avait volé l’enfance, la vie, qui avait tenté de se suicider. Oui, mais pas seulement, elle était également une sublime actrice, une immense chanteuse qui pouvait te foudroyer en balançant Somewhere over the Rainbow ou The Man that got away.
Zellweger omniprésente !
Très vite, on comprend que c’est le film de Renée Zellweger, qu’il n’y a personne derrière la caméra. Elle est de tous les plans, cadrée au centre de l’écran, avec ses prothèses et son maquillage spécial. C’est un festival de grimaces, de cabotinage, de scènes de séduction, de séquences embarrassantes où elle est imbibée mais digne…
Une caricature du film à Oscars, du jamais vu depuis le biopic sur Grace de Monaco. Mais il y a plus grave. Bientôt, Renée se met à chanter. Ami lecteur (si je peux t’appeler ami), je ne sais pas si tu as jamais écouté la voix de Judy Garland. Pour résumer, c’était simplement magique de beauté et d’émotion. Sauf que lorsque Renée l’imite, c’est juste Renée Zellweger qui chante, quoi. Et cela n’a aucune sorte d’intérêt. Voici un doc de deux heures sur Renée Zellweger, ses trucs, ses tics, pas une biographie de Judy Garland.
Tu as vraiment envie de voir un truc pareil ?
Sortie : 26 février 2020 – Durée : 1h58 – Réal. : Rupert Goold – Avec : Renée Zellweger, Jessie Buckley, Finn Witrock… – Genre : biopic – Nationalité : Britannique
Ruinée, elle entame une série de récitals à Londres, « le plus gros flop de sa carrière », selon un journaliste de l’époque. Sur scène, elle flotte, oublie les paroles de ses chansons, mais certains soirs, la magie fonctionne à plein rendement et la voix de Judy résonne, plus pure que jamais. Elle mourra l’année suivante, lessivée, […]