Pinocchio
Réalisateur de Gomorra, Matteo Garrone cisèle une version noire et personnelle du conte de Collodi. Un petit bijou à découvrir directement sur Amazon Prime.
Par Marc Godin
Dans le monde d’avant, le nouveau film de Matteo Garrone devait sortir en salles le 18 mars 2020, mais suite à la pandémie de Covid 19, il atterrit directement sur la plateforme Amazon Prime, pas exactement le médium rêvé pour découvrir ce petit bijou, ciselé par un grand formaliste.
L’apprentissage de la paternité
Après les versions de Walt Disney et Luigi Comencini, c’est donc aujourd’hui le réalisateur de Gomorra et de Tale of Tales qui s’y colle. Avec le chef op’ de Dogman, Nicolaj Brüel, il sculpte un Pinocchio sombre, dans une Italie ravagée par la misère, dans une atmosphère de fin du monde, hantée par les aigrefins et les monstres, inspiré par l’esthétique des gravures anciennes, un univers troublant et anxiogène où souffle l’ombre de Federico Fellini.
Il était une fois, donc, un vieux menuisier, incarné par un Roberto Benigni tout en sobriété, qui se découvre père du jour au lendemain et dont l’enfant ne va cesser de décevoir son géniteur. Garrone redonne vie au célèbre pantin de bois qui se métamorphose, au fil d’une longue odyssée, en un enfant doté de raison.
Garrone sublime toutes les fabuleuses créatures issues de l’imagination de Collodi (notamment une incroyable femme-escargot, qui laisse une trainée de bave derrière elle), mais son Pinocchio est loin d’être uniquement un beau livre d’images. Tout le monde connaît déjà les principaux épisodes de l’histoire (le nez qui s’allonge, les ânes, la baleine qui avale Geppetto et Pinocchio…), mais Garrone tire ce matériau du folklore italien vers des préoccupations plus personnelles.
Si le récit de Collodi est un récit d’apprentissage, le film de Garrone s’apparente à un (difficile) apprentissage de la paternité… Papa d’un enfant de 11 ans, Garrone interroge la question de la paternité à travers la course désespérée d’un Geppetto, dépassé par les événements, écrasé par le poids des responsabilités, et l’insouciance d’un enfant qui ne cesse de le défier, de lui échapper.
Le conte est bon !
C’est magnifique, cruel, et peut-être un poil flippant pour les tout-petits. « Tout est dans le texte », a pourtant déclaré Garrone. En bonus, Garrone accomplit deux miracles : nous réconcilier avec Roberto Benigni, disparu des écrans depuis une décennie, vraiment épatant en Geppetto, brisé par la pauvreté et le chagrin, et Marine Vacth, absolument magique en Fée bleue.
Sortie : 4 mai 2020 sur Amazon Prime Vidéo – Durée : 2h05 – Réal. : Matteo Garonne – Avec : Roberto Benigni, Federico lelapi, Gigi Projetti… – Genre : aventure – Nationalité : Italienne – Française – Britannique
Il était une fois, donc, un vieux menuisier, incarné par un Roberto Benigni tout en sobriété, qui se découvre père du jour au lendemain et dont l’enfant ne va cesser de décevoir son géniteur. Garrone redonne vie au célèbre pantin de bois qui se métamorphose, au fil d’une longue odyssée, en un enfant doté de […]