Sky Dome 2123 (sortie le 24 avril) est un film d’animation sidérant. Imaginé, écrit, mis en scène par le duo de cinéastes Hongrois Tibor Bánóczki et Sarolta Szabó (remarqués pour deux courts-métrages : Les Conquérants2011 et Leftovers2014), Sky Dome 2123 est une oeuvre d’anticipation sombre, nihiliste, apocalyptique. On tremble devant cette love story dystopique, mais on aime !

Par Grégory Marouzé

On se souvient d’Orange Mécanique1971 de Stanley Kubrick, du Mystère Andromède1971 de Robert Wise, de Soleil Vert1973 de Richard Fleischer, de Rollerball1975 de Norman Jewison. Autant de fables, de classiques du cinéma d’anticipation, dont la vision, futuriste au moment de leurs sorties, nous paraît, aujourd’hui d’une actualité troublante. Violences de toutes sortes, pollution, réchauffement climatique, guerres, disparition de l’écosystème, pandémies, monde post-apocalyptique, y sont filmés de manière frontale !

Un avenir si proche

Sky Dome 2123 s’inscrit dans cette veine. À ceci près que le film, qui a commencé à germer il y a sept ans dans la tête de ses auteurs, nous frappe d’autant plus qu’il semble décrire un avenir proche, si proche, tellement proche, qu’il ressemble déjà à notre présent.

Réalisé selon la technique d’animation de la rotoscopie (qui consiste à dessiner sur des comédiens préalablement filmés), Sky Dome 2123 fait évoluer ses personnages, Stefan et son épouse Nora, dans des décors d’une grande beauté graphique, générés en 3D à partir de nombreuses photographies. Défilent sous nos yeux la ville futuriste de Budapest, le lac Balaton, un désert avec des ruines de villes abandonnées, les montagnes slovaques des Tatras.

La mort programmée

Sky Dome 2123 reprend l’idée, puissante, du roman L’Âge de Cristal de William F. Nolan et de George Clayton Johnson (adapté au cinéma1976 par Michael Anderson, puis dans une série1977-1978, devenue culte): l’Humanité, surpeuplée, sacrifie sa population à un âge défini (30 ans dans L’Âge de Cristal, 50 dans Sky Dome 2123).

Mais Tibor Bánóczki et Sarolta Szabó vont plus loin: ils imaginent qu’on implante une graine dans chaque être humain, dont l’espérance de vie programmée est atteinte, pour le transformer en arbre. Quand Stefan découvre que Nora a accéléré le processus imposé par le régime totalitaire, il se met en quête de la sauver et de lui assurer un avenir.

Codes du genre

Comme tous les bons films d’anticipation, Sky Dome 2123 utilise les codes du genre (action, suspense, violence) pour nourrir une réflexion chez le spectateur. Le hors-champ, savamment travaillé par Tibor Bánóczki et Sarolta Szabó, permet d’envisager un monde encore plus terrifiant que celui auquel ils nous confrontent. La noirceur du propos, radicale, laisse exsangue. L’autre bonne surprise, de taille, est que les cinéastes ne cèdent pas à la facilité de la frénésie. Si les scènes d’action sont trépidantes, le montage adopte, quand il le faut, un rythme contemplatif. Par la splendeur de son animation et de sa direction artistique, en posant davantage de questions qu’en apportant de réponses, et même s’il ne se hisse pas à la hauteur des classiques qui l’ont précédé, Sky Dome 2123 s’impose comme une belle réussite !

Sortie : Le 24 avril 2024  – Durée : 1h52 – Réal. : Tibor Bánóczki et Sarolta Szabó  –  Genre : Animation  – Nationalité : Hongrie, Slovaquie – Production : Saltofilm, Artichoke Film Production

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