Par Marc Godin

Depuis une dizaine d’années, Tim Burton gère sa carrière comme un épicier. Pas un scénario original, mais des remakes à la chaîne, des adaptations ratées, des relectures paresseuses… De vieux machins ripolinés à coups d’images de synthèse, avec un peu de brume, trois décors expressionnistes, une musique de Danny Elfman, et Johnny Depp qui grimace pour tenter de masquer le vide. Des titres ? La Planète des singes, Sweeney Todd, Alice au Pays des Merveilles ou encore Dark Shadows… Avec son fonds de commerce gothique, la prédominance de la forme sur le fond, Tim Burton a juste oublié ce qui avait fait le succès de ses meilleurs films (Edward aux mains d’argent, Ed Wood ou L’Étrange Noël de Monsieur Jack), à savoir un scénario et l’émotion.

Bonne nouvelle, Tim Burton revient à son meilleur avec Frankenweenie, long-métrage d’animation inspiré d’un de ses premiers courts, un petit film de trente minutes (avec de vrais acteurs), l’histoire d’un chien écrasé par une voiture qui revit en devenant une sorte de créature de Frankenstein. Trente ans plus tard, Burton écrit, réalise et produit ce projet éminemment personnel, véritable carte postale de son enfance. Il est bien sûr question d’un petit garçon qui redonne vie à son chien, mais ce garçon différent, ce « freak » introverti, c’est Tim Burton lui-même ! Un môme qui tourne des petits films d’animation dans sa chambre avec ses joujoux et qui vit l’essentiel de son temps dans ses rêves ou avec les créatures de ses films préférés.

Loin de ses grosses productions désincarnées, Burton retourne en enfance, retrouve la générosité, la fraîcheur, la folie de ses débuts, et joue la carte de l’émotion. Il ressuscite ses idoles : des monstres effrayants ou rigolos, Dracula, Frankenstein, King Kong, Godzilla, et même son dieu, l’acteur Vincent Price. Il flingue une nouvelle fois les adultes, moins humains que les monstres, et signe une réplique qui résume toute son œuvre : « Sometimes adults don’t know what they’re talking about » (« Parfois, les adultes ne savent pas de quoi ils parlent »).

Petit bijou poétique, somptueusement animé image par image, avec une 3D qui rappelle les vieux View Master, Frankenweenie est l’un des plus beaux Burton, filmé comme un classique de la Universal des années trente, une œuvre qui vous fait sourire, frissonner, avant de vous ouvrir le cœur en deux. Après les résurrections de William Friedkin et d’Oliver Stone, ce grand retour de Burton est l’une des très bonnes nouvelles de l’année.

Sortie : 31 octobre 2012 – Durée : 1 h 27 – Réal. : Tim Burton – Avec les voix de Martin Short, Charlie Tahan, Winona Ryder, Martin Landau (en VO). – Genre : animation, fantastique  Nationalité : américaine

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