La jeune Hua Mulan se déguise en soldat et se substitue à son père pour combattre au sein de l’armée impériale face à l’impitoyable Böri Khan. La réalisatrice Niki Caro signe une fable féministe en demi-teinte qui peine à trouver la route du cinéma.

Par Tramber

2020 devait être pour Disney, l’année du carton dans l’Empire du Milieu. Pour son nouveau remake d’un de ses plus grands succès, la firme avait coché toutes les bonnes cases : un film épique, un casting essentiellement asiatique avec notamment les superstars Gong Li, Jet Li ou encore Jason Scott Lee et Donnie Yen, une histoire universelle et donc fédératrice, un budget colossal doublé par celui du marketing, une sortie en grandes pompes prévue pour le 27 mars 2020, et… la Covid-19 débarqua.

Résultat des courses, plusieurs mois après, le blockbuster à qui on prédisait le plus bel avenir, devint le film du scandale en évitant la case cinéma, et annoncé pour une sortie directement en streaming dans tous les pays disposant de Disney+. La Chine n’étant pas encore alimenté par la plateforme, Mulan y sera finalement projeté en salle, et le flop fut retentissant.

C’est désormais au tour de la France de pouvoir visionner cette épopée depuis le 4 décembre sur Disney+.

Une fable féministe

Remake en live-action du classique de Disney sorti en 1998, Mulan ne retient de son original, que la trame principale et s’affranchit largement de ce qui fit le succès du film de Tony Bancroft et Barry Cook, en supprimant notamment des personnages emblématiques de l’histoire, à commencer par Mushu.

La réalisatrice Niki Caro affiche clairement la couleur d’une fable féministe, et il en résulte que c’est le seul message à peu près clair du film, tant sur tout le reste, on a le sentiment de se trouver à mi-chemin.

Tout d’abord, même si les paysages y sont mieux filmés que par Yann Arthus-Bertrand, que les personnages défient la pesanteur, courent sur les murs, volent de toits en toits, et qu’il y réside une scène d’avalanche particulièrement spectaculaire, on cherche franchement la justification d’un budget de 200 millions de dollars.

Ne froisser personne…

Et ce premier ressenti, est présent tout au long des 1h55 que dure le film, les scènes trop rares de batailles, manquent de souffle et de lyrisme, l’humour est lui trop peu présent, ne fait mouche qu’une fois sur trois, et chaque fois que la caméra de Niki Caro commence à nous promettre un peu de profondeur, on a l’impression qu’un ponte de Disney l’en a empêché afin de ne froisser personne. C’est le cas lors d’une scène où Hua Mulan, considérée comme un homme, va se baigner seule et nue la nuit venue, que le jeune soldat Cheng la rejoint, que la possible ambiguïté d’un désir homosexuel ou tout simplement d’une histoire d’amour, pointe son nez, et que l’ensemble soit balayé d’un coup de balai narratif.

…et ne satisfaire personne

C’est le deuxième problème de taille qui plane tout au long du long-métrage, cette impression d’entre deux, qui à force de ne vouloir choquer personne, ne satisfait plus personne non plus. Là où le Mulan originel était clairement un dessin animé s’adressant aux enfants, Disney avait laissé entendre que cette nouvelle version serait plus adulte, jusqu’à la classer « R », or on nage en plein compromis. Un compromis qui va probablement décevoir les enfants comme leurs parents, qui de leur côté, sont abreuvés depuis déjà plus d’une décennie, d’images bien plus violentes et dérangeante que le plus violent et le plus dérangeant présent dans ce Mulan-là.

Reste tout de même quelques beaux morceaux de bravoure, et une réalisation, qui même si elle est largement empruntée voire copiée à Zhang Yimou et son magnifique Secret des Poignards Volants, arrive parfois à nous transporter, et à mettre en scène un casting particulièrement bien choisi.

Mais Mulan manque de souffle, surtout de cinéma, et n’arrive jamais à capter toute l’attention de son spectateur, qui lui, n’hésitera pas à mettre sur pause pour fumer, boire un verre, répondre au téléphone, et reprendre le fil juste après.

Mulan en streaming, c’est finalement la place qui lui sied le mieux.

Sortie : Le 4 décembre 2020 sur Disney+ – Durée : 1h 55 – Réal. : Niki Caro – Avec les voix de : Liu Yfei, Donnie Yen, Gong Li…  – Genre : action – Nationalité : Américaine 

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