Par Marc Godin

Pour le troisième épisode de la franchise initiée en 1995, Will Smith et Martin Lawrence affrontent de méchants Mexicains moustachus. Bastons, gunfights et poursuites : du cinéma avarié, ringard et vulgaire.

Que dire, que penser de Bad Boys for Life ?

J’ai découvert le premier épisode à Cannes, au Marché du film. Nous étions en 1995 et la superproduction Jerry Bruckheimer était déjà avarié, ringarde. Will Smith frimait dans ses fringues flashy comme s’il sortait d’un épisode de Miami Vice, Martin Lawrence balançait des vannes pas drôles et vulgaires, et Michael Bay mettait au point (au poing) son style très clip à base de plans ultra-courts, de filtres colorés, de plongées vertigineuses, de contre-plongées sous la mini-jupe des bimbos, avec une caméra en mouvement tenue par un épiletique.

Ce « buddy movie » asthmatique a séduit le public et engendré une suite moisie en 2003, à base de vannes autour de l’anus (« Il a failli me déchirer la rondelle ») où Bay faisait parler la poudre et parvenait néanmoins à usiner une poursuite de voitures dantesque. Malgré les dollars et les scripts à deux balles, Bruckheimer n’a jamais réussi à réunir à nouveau ses deux stars sous la coupe de Michael Bay.

Un dernier petit tour avant l’Ephad

Après 17 ans d’attente, les Bad Boys reprennent enfin du service pour un dernier petit tour avant l’Ephad. En bout de course, Martin Lawrence, encore plus pathétique, a pris une trentaine de kilos, Will Smith rentre toujours dans son costume Armani mais il ne semble plus vraiment concerné par le cinéma (au fil des années, il a refusé Matrix, Django Unchainded, Snake Eyes, Charlie et la chocolaterie pour se compromettre dans des navets plaqués or comme After Earth, Bright ou Aladdin…).

Et grosse surprise, Michael Bay, employé du mois chez Netflix, passe la main pour laisser ses 15 caméras à deux Belges quasi-novices.

Le film a été « écrit » par un débutant, Chris Bremner, Peter Craig (Hunger Games, Blood Father) et le vétéran Joe Carnahan qui devait mettre en scène le bouzin mais qui a abandonné pour des « questions de délai ». Après des années de recherches, ils se sont donc mis à trois pour l’intrigue suivante : Mike et Marcus affrontent des Mexicains très très méchants. Voilà, c’est le niveau d’une production US en 2020. Bon, Will Smith est toujours un trompe-la-mort qui course les nuisibles, tandis que Lawrence se laisse pousser le bide et ne pense qu’à la retraite.

Autant pour l’épaisseur des personnages. Avec en bonus la morale réchauffée de toutes les grosses productions du moment (des films Marvel à Fast & Furious) : rien ne remplace la famille et à deux, c’est mieux.

Aussi drôle qu’une flaque d’huile

Derrière la caméra, Adil El Arbi et Bilall Fallah, épaulés par 29 assistants réalisateurs (véridiques) tentent de faire le show. L’idée est de sublimer pendant 124 minutes Will Smith, la star du film, et on ne compte plus les plans pompiers où il ajuste ses lunettes de soleil, met son costard au ralenti, pilote sa voiture rutilante, montre ses petits muscles congestionnés, change de tenue à chaque séquence, prononce des répliques débiles comme si c’était du Shakespeare (« One last time ? »).

C’est simple, on se croirait dans un film avec Tom Cruise. Pour le reste, Will fait des sauts de 10 mètres au ralenti, franchit le mur du çon, il y a quelques scènes spectaculaires, des poursuites à l’envers, des gunfights, des explosions et un étalonneur numérique qui a pris trop acide et qui repeint Miami en fluo.

Pour résumer, c’est écrit par des analphabètes, filmé par des fonctionnaires, produit par un mogul qui a fait fortune en vendant de la connerie au kilo et aussi drôle qu’une flaque d’huile.

A fuir…

Sortie : 22 janvier 2020 – Durée : 2h04 – Réal. : Adil El Arbi et Bilal Fallah – Avec : Will Smith, Martin Lawrence, Vanessa Hudgens… – Genre : action – Nationalité : Américaine

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