Par Tramber

Années 90, un groupe de Cubains fuit son pays pour s’installer à Miami et créer un réseau d’espionnage. Un superbe casting qui porte comme il peut une réalisation ampoulée et faiblarde.

Depuis Désordre en 1986, Olivier Assayas trace une route à part dans le cinéma français et même mondial, une route sur laquelle il a rarement croisé le succès public, même si le succès critique, lui, a souvent été au rendez-vous. Toutefois, avec Les destinées sentimentales en 2000, L’Heure d’été en 2008, ou encore plus récemment, Sils Maria, le réalisateur a fait preuve qu’il pouvait réunir les avis positifs des critiques et des spectateurs.

Moins d’un an après Doubles Vies, son dernier long-métrage, Olivier Assayas nous propose une double incursion sur fond d’espionnage dans le Cuba et le Miami du début des années 90. Une incursion portée par un casting réellement exceptionnel, à commencer par Penélope Cruz et Edgar Ramirez qu’Assayas retrouve après l’avoir déjà dirigé en 2010 pour Carlos, le biopic du terroriste – pas du chanteur -, ok je sors.

Une interprétation faussée du livre

Un casting exceptionnel qui malheureusement, essaye de se débattre dans un scénario alambiqué et à la fois trop simpliste – n’est pas David Fincher qui veut – et qui de plus, est servi par une réalisation, qui, si elle offre quelques fulgurances – le récit des attentats -, s’embourbe trop souvent dans une mollesse totalement décalée avec le propos du film, c’est-à-dire, une histoire d’espionnage sous tension.

L’erreur venant peut-être de l’interprétation que le réalisateur a fait de l’œuvre originale, le livre du journaliste et homme politique Fernando Morais. Assayas ayant décrit l’ouvrage comme « très factuel plutôt que narratif », or, sans tomber dans les poncifs et l’écueil d’un film d’action basique, on est en droit d’attendre un minimum de narration, de tension et d’action, dans un film d’espionnage.

En immersion à La Havane

Reste une ambiance colorée, le réalisateur a pu s’installer à Cuba pour son tournage, ce qui est extrêmement rare, même si le gouvernement du pays avait d’abord apporté une réponse négative. « Ils ont en quelque sorte décidé que, quitte à ce que le film se fasse, autant qu’il se fasse à Cuba. La question est montée jusqu’au plus haut sommet de l’Etat. C’est un état autoritaire : quand c’est non, toutes les portes se ferment, mais si c’est oui, alors toutes les portes s’ouvrent miraculeusement ! » a déclaré Assayas.

A l’arrivée, reste une œuvre longue – trop longue, 2h07 – dont on a le sentiment qu’elle est inaboutie, on reste sur sa faim, même si Cruz et Ramirez offrent une excellente performance, largement soutenue par Gael Garcia Bernal, Wagner Moura, et Ana de Armas qui confirme ici un réel talent que l’on pourra à nouveau découvrir dans Mourir peut attendre, le prochain Bond.

Cuban Network est un film mineur qui se laisse regarder, un film de plus qui passe sans rester.

Sortie : 29 janvier 2020 – Durée : 2h07 – Réal. : Olivier Assayas – Avec : Penélope Cruz, Edgar Ramirez, Gael Garcia Bernal… – Genre : action-espionnage – Nationalité : Française – Espagnole – Brésilienne – Belge

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