Par Marc Godin

Le jeune agent british fait la connaissance d’agents US et tente d’arrêter un super dealeuse, incarnée par Julianne Moore. Parodie et bastons : une suite trash, pop et colorée, mais un poil répétitive.

Tout commence dans un pub. L’Ecossais Mark Millar, un des grands scénaristes de comics (Old Man Logan, Kick-Ass), et son pote le cinéaste Matthew Vaughn éclusent les pintes, refont le monde et se demandent pourquoi les films d’espionnage sont devenus aussi sérieux (comprendre chiants).

La réponse des deux hommes sera Kingsman, tout d’abord une BD de Millar, Vaughn et Alan Moore (le dessinateur de Watchmen). Puis, un film, Kingsman : services secrets, fun et coloré, mise en abyme de la pop culture, avec une orgie de références, « une lettre d’amour post-moderne а tous les films d’espionnage qui ont pu être fabriqués, même Austin Powers », selon Vaughn.

Pendant deux heures, il est question d’un jeune gentleman espion, de costumes croisés à rayures, de références multiples à 007, Ipcress Danger immédiat, il y a Mark Hamill, un psychopathe qui veut dominer le monde mais qui a un cheveu sur la langue et qui ne supporte pas la vue du sang et un final dément avec une cinquantaine de têtes qui explosent et la sodomie d’une princesse scandinave un peu coquine.

Que du bon, du cinéma bad ass, drôle et spectaculaire, avec le mauvais esprit de Millar, à mille lieux du cinéma de consommation courante hollywoodien.

Deux ans plus tard, Matthew Vaughn donne un petit frère américain à son bébé britannique. Tous les acteurs répondent présents, même un mort du premier épisode, mais Mark Millar est aux abonnés absents. Vaughn, épaulé par sa complice habituelle, la plantureuse Jane Goldman (Kick-Ass, X-Men : le commencent), garde son mauvais esprit et son mauvais goût, et balance quelques savoureuses répliques pipi-caca. Quand, avant de s’envoyer en l’air, l’agent Eggsy demande où il pourrait faire pipi, une jeune beauté particulièrement accorte lui répond tout sourire :

« Sur moi, si tu veux bien. »

JULIANNE MOORE © Twentieth Century Fox France

Des blagues sur l’uro (c’est ça le Cercle d’or ?) ou la sodo dans un blockbuster à 100 millions, c’est absolument délicieux. Sans parler du message un poil subversif sur l’usage de la drogue et une critique ravageuse sur l’administration US avec un président psychopathe qui évoque un Donal Trump ultra-cynique.

Bref, truc un peu punk, malpoli, un doigt d’honneur au politiquement correct. Pour le reste, les deux scénaristes ne peuvent plus jouer la carte de la surprise comme dans le premier volet. Ils accumulent donc les séquences d’action excitantes, les personnages (le spectateur découvre les Statesmen américains), les vannes…

C’est généreux, mais peut-être trop. L’histoire semble parfois secondaire et le film – avec ses 2H 21, affiche au moins 30 minutes de trop et se perd dans des tas de sous-intrigues pas toujours passionnantes. En coupant dans le script et les personnages, en se recentrant sur le personnage d’Eggsy, ce Cercle d’or aurait pu rivaliser avec la fraîcheur et l’aspect cool du premier.

Mais c’est sur le plan de la mise en scène que Matthew Vaughn montre ses muscles stéroïdés. Dans un style cartoonesque, avec d’incroyables zooms et décadrages, il emballe les meilleures scènes d’action de sa carrière et réussi quelques moments réellement enthousiasmants, notamment la séquence d’ouverture – une poursuite de voitures ultra speed dans les rues de Londres – calée sur le rythme d’une chanson de Prince (Let’s go crazy), bien plus brillante que n’importe quelle scène de Baby Driver.

Mais à cause de son scénar bancal, certaines séquences tournent à vide et malgré d’excellents acteurs, certains personnages ont du mal à exister, je pense notamment aux Statesmen US sous-utilisés, comme Channing Tatum. Seul Pedro Pascal (vu dans Game of Thrones ou Narcos) et son lasso magique emballe vraiment l’affaire.

A l’arrivée, ce Cercle d’or est d’un délicieux mauvais goût, gentiment subversif, mais surtout fun et cool, à l’image d’Elton John, impayable en karatéka qui démonte la tête de son adversaire d’un coup de pied sauté, tout en souriant au ralenti à la caméra. Le problème, c’est que le film a la durée de vie d’un Snapchat à rallonge. C’est plaisant, mais aussitôt oublié dès que l’on est sorti de la salle.

Date de sortie : 11 octobre 2017 – Durée : 2h21 – Réal. : Matthew VaughnAvec : Taron Egerton, Colin Firth, Julianne Moore… Genre : action, aventure – Nationalité : Britannique, Américaine

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