Le Corps sauvage
Par Jean-Pascal Grosso
Diane, 25 ans, s’installe chez son grand-père dans un village bordant une forêt où elle pratique la chasse à l’arc. Le grand-père lui fait découvrir l’univers de la chasse, ses rites et ses traditions. Cette harmonie est bientôt menacée par un groupe de chasseur sans éthiques ; Diane est décidée à protéger le village et la nature à son corps défendant.
S’offrir à la forêt
Sylphide, agile, armée d’un arc et de flèches, l’héroïne du nouveau film de Cheyenne-Marie Carron ne pouvait que se prénommer Diane (Nina Klinkhamer) à l’instar de la déesse de la chasse dans la mythologie romaine.
La jeune femme a quitté la ville et sa famille pour se replonger dans ses racines campagnardes et s’accorder à une forêt à laquelle elle offre, itérativement, sa nudité.
Mais une bande de braconniers et la jalousie naissante entre deux garçons qui la courtisent fait mettre en péril l’équilibre de sa vie nouvelle…
Parfois naïf et fantasmé
Après avoir abordé des sujets aussi simples et fédérateurs que l’apostasie dans l’Islam (L’Apôtre) ou le racisme anti-blanc (Patries), Cheyenne-Marie Carron s’en va fureter du côté des chasseurs et livre ici le portrait d’une jeunesse empreinte de panthéisme. Dans Le Corps sauvage, le « retour à la terre » (merci de ne pas agiter déjà le prisme de pépé Pétain) se veut élégiaque, parfois naïf, très probablement fantasmé. Mais sa fraîcheur, sa limpidité sont clairement palpables. Aux pétarades zadistes, elle a préféré l’élévation des âmes.
On retrouve comme toujours dans son cinéma cette volonté de faire et du mieux si possible. Carron connaît sa grammaire, apprise seule sur le bout de ses doigts, et qui, au détour d’un plan, peut vous faire oublier la candeur d’un propos. La réalisatrice aborde ses films et surtout ses sujets avec une constante et intacte innocence.
Une liberté de ton et de style
Irrités, certains verront dans Le Corps sauvage une apologie de la chasse, une ode au survivalisme et carnivore (sacrilège !), voire un côté « Brigandes » dans cet idéal communautaire rêvé… Que des pensées « nauséabondes » aujourd’hui. Mais ces sensibles olfactifs ont assez de films comme ça pour satisfaire hebdomadairement leurs exigences politico-philosophiques. Laissons Cheyenne-Marie Carron à sa liberté de ton et de style, aussi confidentiel soit son écho. Elle s’est trouvée une place dans le cinéma français, solitaire, poétique, passionnée. Espérons qu’elle y prospère encore un temps.
Sortie : 20 mars 2019 – Réal. : Cheyenne-Marie- Carron – Avec : Nina Klinkhamer, Françoise Goeske, François Pouron… – Genre : drame – Nationalité : française
Parfois naïf et fantasmé Après avoir abordé des sujets aussi simples et fédérateurs que l’apostasie dans l’Islam (L’Apôtre) ou le racisme anti-blanc (Patries), Cheyenne-Marie Carron s’en va fureter du côté des chasseurs et livre ici le portrait d’une jeunesse empreinte de panthéisme. Dans Le Corps sauvage, le « retour à la terre » (merci de ne pas […]