Overlord
Par Marc Godin
Des nazis, des zombies et un déferlement d’actions sanglantes en plein Débarquement : c’est le pitch zinzin d’une série B fun, gore et jouissive, produite par J.J. Abrams.
Nous sommes dans la carlingue bringuebalante d’un avion de guerre américain, la veille du D Day. La mission des soldats américains bientôt parachutés en Normandie ? Détruire un centre de brouillage radio allemand pour faciliter le débarquement des troupes alliées. Search and destroy !
Mais bientôt, les avions US sont pris sous le feu de la DCA, les carlingues sont éventrées, les avions explosent et il ne reste que quatre parachutistes à poser le pied sain et sauf dans une Normandie qui ressemble étrangement à la Transylvanie.
Malgré, le folklore du début (vannes des GI, débarquement en CGI, explosions en tout genre), Overlord ne ressemble pas vraiment à un remake du Jour le plus long ou Il faut sauver le soldat Ryan.
Gore, nazis et… zombies !
Et le spectateur comprend très vite qu’il y a quelque chose de pourri au royaume de Normandie. Les GI découvrent d’abord une mystérieuse créature dans les bois, puis tombent sur un labo secret où un Mengele local, raie sur le côté, petites lunettes rondes, travaille sans relâche pour créer l’Uber-Mensch d’une armée invincible appeler à régner mille ans…
Bienvenue dans Overlord, la nouvelle production de J.J. Abrams qui mixe débarquement et gore, nazis et zombies, série B et budget XXL. Et contre toute attente, le résultat est uber-jouissif. Les excellents scénaristes, Mark L. Smith (The Revenant) et Billy Ray (Captain Philips) tricotent une structure narrative à la Une nuit en enfer, à savoir 30 minutes de D Day, avec GI, méchants nazis, jolie résistante et große fusillades. Puis, ils prennent le chemin de l’horreur avec zombies du IIIe Reich, savants fous et tortures dans les ténèbres de labos secrets. Bref, un tour de grand-huit zinzin, un jeu vidéo à la Wolfenstein, avec des références à Quentin Tarantino et surtout à Planet Terror, le film grindhouse de Robert Rodriguez. En fait, le film est une énorme série B, avec scories (volontaires ou pas), un esprit « nazisploitation » (si cela existe) et surtout une espèce d’appétit démesuré pour l’outrance et le n’importe quoi.
Plaisir régressif et jouissif pour J.J. Abrams
Derrière la caméra, l’Australien Julius Avery (Son of a Gun), douze assistants réalisateurs et surtout le grand manitou J.J. Abrams qui s’offre un gros délire gore à 40 millions de dollars.
Etonnant cet usage du gore dans Overlord : on défonce les crânes à coups de bottes, on explose les visages à coups de poing américain, les corps s’ouvrent, sont perforés, on accroche des soldats sur des crochets de boucher, comme dans Massacre à la tronçonneuse, les cicatrices dégueulent de sang…
Le film est un véritable suicide commercial : interdit aux moins de 17 ans aux USA, il se coupe automatiquement de son public. D’ailleurs, c’est un bide sans appel. Entre deux Star Wars soporifiques, on sent que J. J. s’est offert ce plaisir régressif et coupable.
Un riff sauvage et électrique
Le film est méchant, flippant, de mauvais goût (je repense à cette phrase de John Waters, « Un film qui frôle le bon goût sans jamais y parvenir »), parfois volontairement Z.
Bien sûr, il y a des défauts, le réalisateur aurait pu couper au moins 20 minutes et il y a des trous narratifs et « invraisemblances » dans le scénario. Mais à l’image de Pilou Asbæk (vu dans GOT ou Ghost in the Shell), génial en officier-nazi-mutant-invincible qui fout une branlée aux GI, malgré le fait qu’il a une partie du visage en moins, Overlord est mu par une énergie dingue, innervé par les fantômes de la Hammer, de Lucio Fulci ou Michael Mann (remember La Forteresse noire).
C’est un geste punk, le riff sauvage et électrique d’un morceau de hard rock, du poison dans la machine hollywoodienne, un film branque et mal branlé, une éjaculation d’hémoglobine, à la Jackson Pollock : le film de samedi soir parfait, pour frissonner à côté de ta chérie.
Sortie : 21 novembre 2018 – Durée : 1h50 – Réal. : Julius Avery – Avec : Jovan Adepp, Wyatt Russell, Pilou Asbaek… – Genre : action, gore – Nationalité : américaine
Gore, nazis et… zombies ! Et le spectateur comprend très vite qu’il y a quelque chose de pourri au royaume de Normandie. Les GI découvrent d’abord une mystérieuse créature dans les bois, puis tombent sur un labo secret où un Mengele local, raie sur le côté, petites lunettes rondes, travaille sans relâche pour créer l’Uber-Mensch d’une […]