Au sortir de la grande première du film de Malcolm, le couple qu’il forme avec Marie traverse sa plus grande crise conjugale, le temps d’une nuit tumultueuse où tous les coups sont permis.

Par Charlotte Engel

A l’heure où Netflix bouillonne d’inventivité, la plateforme américaine nous dévoile cet étonnant huit-clos en noir et blanc, entre romance hollywoodienne et thriller psychologique, qui suggère tant bien que mal, l’obscure clarté du couple moderne. Ou confiné. Une représentation audacieuse, d’une réalité troublante, à l’ère où les rapports humains sont menacés… Un film qui secoue, déconcerte, dans une certaine limite.

Il faut s’appeler Sam Levinson, pour ne pas trembler à l’idée de heurter les esprits en révélant les coulisses de la vie à deux, sans le moindre filtre, ni la moindre pincette, autour d’un discours d’amants torturés, plus vrai que nature. Au cœur de cette romance d’un genre nouveau, la frontière entre le bien et le mal manque de transparence. Malcolm & Marie nous offre en guise d’armure, la simple omniprésence d’un voile noir et blanc dont on peut déjà estimer la valeur et l’importance. Un tel choix s’avère rarement anodin.

Le jour le plus sombre

Au clair de lune, les scènes les plus sinistres, parfois, se déroulent et nul ne peut deviner ce qui se trame en arrière-plan.

Chaque foyer renferme ses secrets les plus enfouis et les fenêtres gorgées de lumière abritent même leurs parts d’ombre les plus insoupçonnées. Nos libertés perdues n’ont rien arrangé. Derrière d’imposantes baies vitrées, nous avons Malcolm, nous avons Marie. Ils sont beaux, respirent le bonheur d’une soirée fraichement partagée, transmettent de bonnes ondes à travers la musique qu’ils écoutent. La mer est calme.

Oui mais voilà le vent tourne, le cœur s’emballe et certaines formules jaillissent vers le camp adverse. Conflit explosif, orage estival. Le tonnerre s’installe dans ce climat lourd et pesant. Pensées mises à nues, Marie dévêtue. Malcolm lui est plus distant, dans la retenue. Spectateur des frasques de Marie, témoin de sa déroutante instabilité, il la laisse volontiers déverser ses états-d ’âme, de guerre lasse ?

Ici, l’homme vit une épreuve psychologique d’une rare intensité : faire face à des pulsions méconnues, comprendre cette femme qu’il pensait connaitre. « Marie, tu es vraiment instable, je suis réellement inquiet pour ton bien-être psychique (…) », lui confie-t-il, le cœur lourd.

Clair-obscur

Le choix du noir et du blanc s’impose naturellement dans ce climat de discorde. Ici on note l’importance du chiffre deux, de la paire, du couple. L’identité raciale fait irruption dans le dialogue, on retient alors cette phase comparative entre l’homme blanc et son homologue noir, sujet au demeurant très courant dans le cinéma d’outre-Atlantique, car fortement ancré dans les mœurs hollywoodiennes. Le contraste ici prône, à l’image de cette cravate noire, sur fond blanc, que porte Malcolm. Malcolm joué par le grand, le très grand John David Washington, vu dans le Tenet de Christopher Nolan ou le plus engagé BlacKkKlansman de Spike Lee. C’est incontestablement la frappante, la divine Zendaya qui complète le tandem.

Aussi, le film regorge de références de ce cinéma antiraciste, comme celui de Spike Lee, ne se retenant pas de citer le très célèbre Autant en emporte le vent, concentré de haine raciale, comme aime à le rappeler le très engagé Ryan Murphy, dans sa série Hollywood.

Outre certaines maladresses, sursauts inutiles, allures de clip de rap ou prémices d’un sexisme masqué, Malcolm & Marie transmet un flot de sentiments contradictoires. Le film regorge de valeurs et de références déguisées, porteur messages forts, à prendre à la légère, cependant.

Sortie : Depuis le 29 janvier sur Netflix – Durée : 1h46 – Réal. : Sam Levinson – Avec les voix de : John David Washington, Zendaya…  – Genre : romance/drame – Nationalité : Américaine 

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