Petit Vampire
Joann Sfar revient au cinéma d’animation avec Petit Vampire, d’après ses BD culte. Petit Vampire vit dans une maison hantée avec une bande de monstres, mais s’ennuie terriblement… Il veut aller à l’école pour se faire des copains. Avec Fantomate, son fidèle bouledogue, Petit Vampire s’échappe du manoir, déterminé à rencontrer d’autres enfants. Il se lie d’amitié avec Michel, un petit garçon attachant. Mais leur amitié attire le terrifiant Gibbous, un vieil ennemi qui est sur les traces de Petit Vampire et sa famille … Petit Vampire ? Le film rêvé pour Halloween !
Par Grégory Marouzé
Le retour de Joann Sfar à l’animation
Le retour de Joann Sfar au film d’animation est une nouvelle réjouissante. S’il a convaincu avec son graphique et personnel Gainsbourg, Vie Héroïque (2010), sa seconde tentative de cinéma en prise de vues réelles, La Dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil (2015), une œuvre de commande d’après Sébastien Japrisot – roman déjà adapté par Anatole Litvak en 1970 -, était une belle coquille vide.
En partant d’un matériau qu’il connaît bien (ses trois albums racontant les origines de Petit Vampire), Joann Sfar signe un film fidèle à l’œuvre d’origine, tout en la réinterprétant grâce aux techniques du cinéma. Petit Vampire s’ouvre sur un pré-générique tout droit sortie d’un film d’épouvante gothique des années 50. L’animation en 2D est élégante, les décors rutilants, les couleurs chatoyantes. La charte graphique est respectée. Le son joue adroitement des ambiances, bruitages inquiétants, propres aux films de terreur.
De vrais personnages
Surtout, Sfar ne sacrifie pas ses personnages. Chacun a un caractère qui lui est propre : Petit Vampire émeut (il rappelle l’enfant que nous furent), le bouledogue Fantomate, au tempérament et à l’accent marseillais, nous plie en quatre. Les autres personnages sont au niveau. L’implication et le talent de leurs interprètes, Alex Lutz (le méchant Gibbous), Jean-Paul Rouve (le Capitaine des Morts), ou Camille Cottin (Pandora), y sont pour beaucoup.
Joann Sfar réalise un dessin animé mêlant fantastique, aventure, comédie, épouvante, film de pirates. La mixture pourrait s’avérer indigeste. Au contraire : elle réjouit. Scénario et dialogues, bien écrits, équilibrent des univers qui semblent opposés au départ, leur offrent une vraie cohérence.
Un hommage au cinéma d’épouvante
Sfar, en amateur de cinémas de genres, biberonné aux revues Mad Movies, Starfix, L’Écran Fantastique, est à l’aise pour manipuler ses références. Petit Vampire cite Frankenstein et le Monstre de l’Enfer (1974) de Terence Fisher, les productions mythiques de la Hammer Films et de la Universal Monsters. Autant de bandes horrifiques que Petit Vampire et ses camarades, se projettent dans leur ciné-club (comme cela paraît délicieusement anachronique). Bien joué ! La double lecture du film fonctionne à plein ! Les parents cinéphiles (ou pas) se remémoreront les films d’épouvante de leur enfance, vus au cinéma, en VHS, dans l’émission culte La Dernière Séance de Gérard Jourd’hui et Eddy Mitchell. Tandis que leurs bambins s’offriront de délicieux frissons avec ces œuvres nées, pour la plupart, dans les années 50. In fine, Petit Vampire s’avère un beau moyen pour donner envie aux enfants de découvrir le cinéma de patrimoine, les séries B, classiques anglais et américains.
Imaginatif, rythmé, sensible, légèrement militant (le féminisme est évoqué), Petit Vampire est une jolie réussite pour petits monstres de 7 à 777 ans !
Sortie : Le 21 octobre 2020 – Durée : 1h 22 – Réal. : Joann Sfar – Avec les voix de : Camille Cottin, Alex Lutz, Jean-Paul Rouve … – Genre : animation – Nationalité : Française – Distribution : Studio Canal
En partant d’un matériau qu’il connaît bien (ses trois albums racontant les origines de Petit Vampire), Joann Sfar signe un film fidèle à l’œuvre d’origine, tout en la réinterprétant grâce aux techniques du cinéma. Petit Vampire s’ouvre sur un pré-générique tout droit sortie d’un film d’épouvante gothique des années 50. L’animation en 2D est élégante, […]