PENINSULA
Après Dernier Train pour Busan, les morts-vivants coréens reviennent pour un interminable voyage en deuxième classe. 3D miteuse et scénario bas de plafond : la déception de l’année.
Par Marc Godin
Enorme carton en Corée en 2016, Dernier train pour Busan était une série B botoxée, une histoire de carnage dans un train fantôme, avec zombies sous speed et méchants PDG, suppôts du capitalisme plus sanguinaires que les morts-vivants.
Le film n’était pas exempt de défauts avec ses messages lourdingues (le train comme représentation des espaces compartimentés des classes sociales), sentimentalisme neuneu, musique dégoulinante et surtout des séquences entières repompées sur World War Z. Mais le réalisateur Yen Sang-ho, venu de l’animation, parvenait à emballer le tout avec brio pour un trip speed et convulsif. C’est donc peu dire que l’on attendait Peninsula de pied ferme…
Fausse suite mais vraie arnaque
Sélectionné à l’origine pour Cannes, Peninsula se déroule quatre ans après les événements de Dernier train pour Busan, sans aucun de ses protagonistes, pour une aventure qui n’est en rien en suite, mais un nouveau chapitre qui fleure bon l’arnaque.
Ancien militaire, Gang Don-won, le charisme d’un zombie avarié, incarne un rescapé de Corée du Sud après la propagation de l’épidémie. Réfugié illégalement à Hong Kong, il accepte de repartir en mission au pays – désormais en quarantaine XXL car infesté de millions de zombies – pour récupérer un camion rempli de millions de dollars.
Dans son « odyssée », il croise la route d’une poignée de survivants : des nuisibles grimaçants qui organisent des combats de gladiateurs humains/zombies dans une arène, mais aussi une bande de gentils outsiders, constituée d’enfants, d’une femme et d’un vieillard.
La rétine au papier de verre
Avec son scénario écrit sur le string de Cardi B, Yen Sang-ho tente la greffe improbable entre le film de cambriolage et le film de zombies. Rien ne fonctionne à cause de ce script bas de plafond et le cinéaste ne peut compter que sur son sens de la mise en scène. Mais étrangement, il n’arrive pas à filmer correctement la moindre séquence.
Tout est horriblement cheap, mal pensé, mal réalisé et le réalisateur pille cette fois des séquences entières de la série Walking Dead, Baby Driver ou New York 1997. Visuellement, on a l’impression que cette série Z a été intégralement tournée sur fond vert, par un geek daltonien avec cinq figurants maquillés au ketchup qui tournent autour de la caméra.
Pour ne rien arranger, Peninsula semble s’étirer sur quinze heures, le volume sonore ne favorise pas la sieste et les images de synthèse miteuses, qui évoquent un jeu vidéo du siècle dernier, vous passent la rétine au papier de verre. On ne voit que les coutures, l’artifice, la laideur numérique. Comment s’intéresser alors à une poursuite de voitures en CGI qui ressemble à un dessin animé raté, sans enjeu, sans idée, sans adrénaline ? Un jour, William Friedkin a déclaré que la poursuite de voitures était la quintessence de l’art cinématographique. Il n’avait pas vu Peninsula…
Pour résumer, c’est grotesque, mal joué, réalisé avec les pieds, du nanar de chez nanar, George A. Romero ou Lucio Fulci (mal) revu et (hyper mal) corrigé par Ed Wood, n’importe quoi, n’importe comment.
Alors que tous les jours, nous recevons de mauvaises nouvelles du front du cinéma, entre les spectateurs qui désertent les salles et les majors qui semblent favoriser le streaming, la nullité totale et absolue de ce blockbuster est une TRES mauvaise nouvelle.
La déception de l’année…
Sortie : 21 octobre 2020 – Durée : 1h 56 – Réal. : Sang-Ho Yeon – Avec : Dong-won Gang, Do-Yoo Kim, Jung-hyun Lee… – Genre : Horreur – Nationalité : Sud-Coréenne – Distribution : ARP Sélection
Fausse suite mais vraie arnaque Sélectionné à l’origine pour Cannes, Peninsula se déroule quatre ans après les événements de Dernier train pour Busan, sans aucun de ses protagonistes, pour une aventure qui n’est en rien en suite, mais un nouveau chapitre qui fleure bon l’arnaque. Ancien militaire, Gang Don-won, le charisme d’un zombie avarié, incarne […]