ALADDIN
Par Marc Godin
Le remake live et numérique du classique de Disney. Un échec total, avec un Will Smith pathétique et une mise en scène bling bling de Guy Ritchie.
La carrière ciné de Will Smith est un champ de ruines. Depuis plus de dix ans, la superstar hip hop enchaîne avec une belle régularité les nanars, les œuvres improbables, aussi mémorables que la promesse d’un politique. Films de super-héros, de SF, drames, mélos : tout ce qu’il touche se transforme en bouse. J’exagère ? Vous voulez des titres ? Bright, le nullissime truc Netflix avec des flics et des orques, Beauté cachée, Seul contre tous (et c’est pas le Gaspar Noé), Diversion, Un amour d’hiver, After Earth, la purge de Shyamalan ou encore Men in Black 3.
N’en jetez plus ! Et quand il accepte un projet un peu excitant comme Suicide Squad, il fait gonfler un personnage secondaire (Deadshot) et cannibalise le film. Non content de se ridiculiser dans les séries B indignes de son talent, il refuse les bons films avec une constance qui force le respect.
Au fil des années, Mr Ego et son nombril hypertrophié a décliné Matrix (le rôle de Néo, oui, oui) pour tourner dans Wild Wild West, refusé Charlie et la chocolaterie, Snake Eyes de Brian De Palma, ou Django, de Quentin Tarantino, car il trouvait que les rôles de Leo DiCaprio ou Christopher Waltz étaient trop importants. Un winner, un visionnaire !
Une laideur au-delà de l’imaginable
Mais tout cela n’était rien à côté de son nouveau « chef-d’œuvre », Aladdin, adaptation live du célèbre dessin animé de Disney, 128 minutes de médiocrité, d’une laideur au-delà de l’imaginable. Réalisateur de ce fiasco total et absolu : Guy Ritchie, dangereux récidiviste.
De fait, le Britannique est un des cinéastes les plus surfaits de la planète, enfant consanguin de Michael Bay, Luc Besson et Uwe Boll. Tarantino du pauvre, auteur (j’déconne) d’une dizaine de films, il n’a JAMAIS signé un long-métrage ne serait-ce que regardable. Après l’échec du Roi Arthur (budget de 175 millions, avant les frais de pub, pour 14 millions de recette lors du premier week-end d’exploitation), Ritchie va cachetonner chez Disney. Il cosigne le scénario (quelle blague) avec John August, auteur de plusieurs scripts pour Tim Burton, qui semble décalquer la narration et les principales péripéties du dessin animé de 1992, avec des personnages bien lisses, occidentalisés (Disney lave plus blanc ?).
Cela n’a aucune sorte d’intérêt, mais avec la mise en scène, on passe dans la quatrième dimension. On pensait que Guy Ritchie ne pouvait pas faire pire que Le Roi Arthur, copié/collé lamentable de Peter Jackson et Dragon Ball Z.
Très en forme, il pulvérise les limites du bon goût et il n’y a rien à sauver : la photo bling bling du chef op’, les effets spéciaux bâclés (ah, le tigre numérique tout pourri), les numéros musicaux, du Bollywood chorégraphié par Leni Riefenstahl, des jeunes premiers avec le charisme d’un dromadaire mort, le tout défiguré par un étalonneur numérique sous coke qui peinturlure chaque pixel à la sauce pop art… C’est du cinéma de nouveau riche, sans aucun goût, ni aucune grâce.
Remember Robin Williams
Dans cet océan de médiocrité, Will Smith semble néanmoins s’amuser (il devait penser à son pourcentage). Génie hip hop cool et rigolard (Will Smith quoi !), il pousse la chansonnette, roule des yeux, lance de petits cris, se met torse nu dès qu’il peut, esquisse quelques pas de danse et balance des vannes.
Bref, c’est le Prince (Ali) de Bel Air au pays des 1001 nuits. Sauf que dans le dessin animé, c’est le regretté Robin Williams qui doublait le génie. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Will Smith, qui gesticule comme il peut devant son fond vert, semble bien fade, voire pathétique, en comparaison avec à la performance vocale démentielle de Williams. Echec et mat !
Et dire que pour pouvoir jouer le génie au rabais, Will Smith a décliné l’excellent Dumbo, réalisé par Tim Burton. Choisir Guy Ritchie plutôt que Tim Burton ! Un visionnaire, je vous disais…
Sortie : 22 mai 2019 – Durée : 2h09 – Réal. : Guy Ritchie – Avec : Anthony Kavanagh, Hiba Tawaji, Will Smith… – Genre : aventure – Nationalité : américaine
Au fil des années, Mr Ego et son nombril hypertrophié a décliné Matrix (le rôle de Néo, oui, oui) pour tourner dans Wild Wild West, refusé Charlie et la chocolaterie, Snake Eyes de Brian De Palma, ou Django, de Quentin Tarantino, car il trouvait que les rôles de Leo DiCaprio ou Christopher Waltz étaient trop […]