Par Colonel Dawa

Dans les années 70 aux Etats-Unis, Ron Stallworth réussit à obtenir un entretien avec un ponte du Ku Klux Klan afin d’infiltrer « L’organisation », seul problème : il est noir. Engagé et drôle, Spike Lee signe son meilleur film depuis… toujours.

Exceptés Inside Man en 2006 et son remake d’Old Boy en 2013, purs films de commande mais néanmoins ultra efficaces, Spike Lee n’a de mémoire, réalisé que des films engagés.

Inspiré du livre éponyme et autobiographique de Ron Stallworth, qui au cœur de la lutte pour les droits civiques de la communauté afro-américaine aux States, avait tenté de mettre à terre l’organisation du Ku Klux Klan, en s’infiltrant avec l’aide d’un de ses collègues, Blakkklansman est un véritable plaidoyer anti racisme évidemment, mais également un vrai pamphlet anti Trump.

Engagé oui, mais Spike Lee est avant tout un grand réalisateur qui a toujours trouvé une construction formelle exceptionnelle comme écrin à ses messages.

Ce fut le cas pour Nola Darling en 1986, Do The Right Thing en 1989, Jungle Fever en 1991, évidemment Malcom X en 1992, ou encore Get on the Bus en 1996, chaque fois, avec le même sujet de fond, sa réalisation et sa narration ont fait mouche.

Des acteurs fabuleux !

Avec une dose d’humour à faire rigoler les spectateurs les plus tristes de Laurent Gerra, Lee nous offre un exercice de style exceptionnel avec au premier plan, un John David Washington, fils de Denzel, sidérant de justesse dans son jeu de flic afro en pleine dualité entre sa romance philosophique et son engagement de « poulet », comme ils disent. Quant à Adam Driver, il signe là une des meilleures performances de sa carrière et ouvre enfin en grand, le rayon de son talent qui jusqu’à présent, malgré des rôles intéressants, restait légèrement en sourdine

Avec un sujet peu propice à une partie de rigolade, Spike Lee réussit la prouesse de mettre en scène une histoire totalement improbable tout en la rendant totalement probable. Son polar engagé et militant, avec sa dose d’hilarité, nous ramène sur la fin à une réalité d’un monde encore menacé par ses démons d’intolérance et de peur.

Un film métaphorique

Finalement, au bout du compte, plus qu’un exemple et une preuve supplémentaire, s’il en fallait, de racisme et de xénophobie ambiante, Blackkklansman résonne comme la métaphore d’une Amérique qui s’est construite sur la violence et l’immigration tout en essayant de montrer un visage du « vivre ensemble », qui au bout du compte, ressemble plus à un mirage qu’au domaine du possible.

Grand prix du Jury à Cannes 2018, Blackkklansman mérite au fond bien plus que tous les prix de la terre, il mérite d’être vu, d’être compris et d’être partagé, pour utiliser un terme « à la mode ».

Jusqu’au poignant plaidoyer du -encore sublime à 91 ans- acteur Harry Bellafonte à l’éclatante présence de la comédienne Laura Harrier, Spike Lee semble réellement s’être fait plaisir à jouer sur les générations et à la transmission de l’héritage douloureux de l’histoire afro-américaine.

Nul doute que le réalisateur en a encore sous la pédale, qu’il a encore des choses à dire, à raconter, et que son talent hors norme, son humour et son discours ont encore et heureusement pour nous, de beaux jours et surtout de beaux films à venir.

Spike Lee est un génie !

Sortie : 22 août 2018 – Durée : 2h16 – Réal. : Spike Lee – Avec : John David Washington, Adam Driver, Topher Grace… – Genre : policier – Nationalité : américaine

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