Par jean-Pascal Grosso

Pour ses premiers pas de réalisateur, le comédien Paul Dano s’offre les services de Jack Gyllenhaal et de Carey Mulligan. Superbement maîtrisé, son Wildlife : Une saison ardente laisse déjà augurer du meilleur.

Le comédien Paul Dano, 34 ans, a cette qualité première et rare chez ses confrères : chacune de ses prestations à l’écran reste mémorable. Autant en prêcheur fou et finalement broyé de There Will be Blood (2007) qu’en pervers plus élaboré qu’il n’y paraît dans Prisoners (2013) ou encore campant un Brian Wilson tout en finesse et désespoir dans le remarquable Love and Mercy (2014).

Que des immenses pointures comme Ang Lee, Paul Thomas Anderson, Denis Villeneuve et, très récemment, Bong Joon-ho aient fait appel à lui, tient bien moins du simple signe que de l’adoubement total.

Et voilà qu’aujourd’hui, monsieur Dano décide de passer derrière la caméra. Avec un talent égal. Même mieux encore à quelques détails près.

The American Way of Life

Adapté d’un roman signé Richard Ford, Wildlife : Une saison ardente raconte, dans l’Amérique profonde des années 60, déchirée entre le désœuvrement et le désir de jouir d’un « American Way of Life » comme promotionnée « ad nauseam » sur les premiers écrans de télévision, le quotidien de Joe (Ed Oxenbould, remarqué dans The Visit de M. Night Shyamalan), gamin débrouillard autant que solitaire.

Son père, Jerry (Jake Gyllenhaal), un doux rêveur déçu par le monde travail, et sa mère, Jeannette (Carey Mulligan, ahurissante), mère au foyer à la soif avérée d’indépendance, décident de se séparer. Lui rejoint une armée de pompiers volontaires et crève-la-faim pour combattre un incendie qui dévore les hauteurs du Montana. Elle va s’enticher d’un vendeur de voitures claudiquant avec l’espoir de gravir l’échelle sociale plus vite que la normale.

Dano trouve son style

A la fois naturaliste – un émouvant portrait d’outsiders dans une Amérique alors en plein boom économique – et panthéiste – allégorie puissante, féroce, dantesque d’une nature en flammes -, aussi bien chronique d’une naissance à la vie et à ses aléas d’un jeune homme que témoignage de la destruction d’un couple d’adultes, Wildlife : Une saison ardente ne pèche que par quelques longueurs en fin de récit.

Cela ajouterait presque à l’indolence de cette bourgade perdue dans laquelle s’escriment ses principaux héros à seulement chercher à « s’en sortir ». Le dernier plan parlera de lui-même, photo ultime d’avant la rupture. Pour un premier exercice de mise en scène, assurément, Paul Dano a du style.

à lire : notre portrait de paul dano

Sortie : 19 décembre 2018 – Durée : 1h45 – Réal. : Paul Dano – Avec : Carey Mulligan, Jake Gyllenhall, Ex Oxenbould… – Genre : drame – Nationalité : américaine

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The American Way of Life Adapté d’un roman signé Richard Ford, Wildlife : Une saison ardente raconte, dans l’Amérique profonde des années 60, déchirée entre le désœuvrement et le désir de jouir d’un « American Way of Life » comme promotionnée « ad nauseam » sur les premiers écrans de télévision, le quotidien de Joe (Ed Oxenbould, remarqué dans The […]