Tarantino, l’humour et la violence en 8 films !

Passé l’ouragan médiatique de Once Upon a Time in… Hollywood, petit retour sur les 8 premiers films du réalisateur, tous entre amour, humour et violence, mais toujours avec du vrai cinéma dedans.

Par Colonel Dawa

Génie inégalable pour les uns, plagiaire sans vergogne pour les autres, le controversé Quentin Tarantino n’avait pas livré de film depuis Les 8 Salopards en 2016. Trois ans plus tard, il a créé l’évènement à nouveau avec Once Upon a Time in… Hollywood, qui est probablement le plus gros buzz et la plus grosse attente de son public depuis ses débuts en 1992 ans avec Reservoir Dogs.

Celui qui était le petit protégé d’Harvey Weisntein, et qui de fait, a dû s’affranchir de cette relation, n’a à nouveau, pas fait l’unanimité, et le nombre de références cinématographiques logées dans son film a encore donné du grain à moudre à ses détracteurs et… ses fans.

Tarantino en 8 films, c’est parti !

 

1992 – Reservoir Dogs, la révélation

Le casting : Harvey Keitel, Tim Roth, Michael, Madsen, Steve Buscemi et Chris Penn

Le pitch : après un hold-up loupé, un groupe de cambrioleurs règle ses comptes dans une confrontation ultra violente, afin de démasquer le traitre de la bande.

Le film : largement inspiré dans son imagerie et dans les fringues, du Syndicat du Crime 2 de John Woo, Reservoir Dogs qui s’apparente souvent à City on Fire de Ringo Lam ne cache pas ses références au cinéma hongkongais. Dans un délire de violence tant visuelle que psychologique, Tarantino apparait comme un virtuose de la caméra, et fait valser cette dernière dans ce quasi huis clo tendu comme la corde de l’arc de Robin des Bois et aux dialogues ciselés avec la précision d’un tueur à gage. Le film, projeté au festival de Cannes 1992, sidérera une partie de la critique et excèdera l’autre.

L’anecdote : c’est Tony Scott, le frangin de Ridley, qui avait pour projet de réaliser le film en même temps que True Romance. Mais Tarantino finira par l’emporter tout en écrivant le scénario de True Romance avec son complice de l’époque Roger Avary.

1994 – Pulp Fiction, la confirmation

Le casting : John Travolta, Samuel L. Jackson, Bruce Willis et Uma Thurman

Le Pitch : trois histoires parallèles et qui finissent par s’entremêler, dans une odyssée sanglante et comique.

Le film : c’est l’œuvre culte du réalisateur. Tarantino a pour l’occasion, les idées de génie d’aller déterrer le scientologue John Travolta dont la carrière était en totale perdition, et de confier à Bruce Willis un rôle en décalage total avec sa carrière. Totalement maitrisé, Pulp Fiction remportera la Palme d’or à Cannes cette année-là, et Travolta bouclera la boucle de Saturday Night Fever et Grease dans une scène de danse devenue mythique avec Uma Thurman sur fond de Chuck Berry.

L’anecdote : Quentin Tarantino avait écrit deux des trois histoires de Pulp Fiction, bien avant avoir rédigé les scénarios de Reservoir Dogs et True Romance. Suite aux succès des deux films, il écrit la troisième histoire de Pulp Fiction.

1997 – Jackie Brown, le plus cinéphilique

Le casting : Pam Grier, Samuel L. Jackson, Robert Forster, Robert De Niro et Michael Keaton

Le pitch : Jackie Brown, une hôtesse de l’air qui arrondit ses fins de mois en bossant pour un trafiquant d’armes, est contactée par un agent fédéral pour faire tomber ce trafiquant.

Le film : peut-être la meilleure œuvre du réalisateur et la moins violente. Pour une fois, Tarantino ne livre pas un scénario original mais adapte Punch Créole, le bouquin de d’Elmore Leonard publié en 1992. Génie du casting, le réalisateur recrute pour le rôle principal Pam Grier. Star de la blacksploitation des années 70, notamment avec les films Coffy et Foxy Brown, l’actrice confère au film une ambiance résolument nostalgique, largement appuyée par une bande-son que, comme à son habitude,Tarantino a étudié avec le plus de soin possible. Avec une narration plus sophistiquée que ses deux films précédents, et une certaine retenue et sobriété dans sa mise en scène, Jackie Brown est le moins extravagant, le moins bruyant et le mieux écrit des films du cinéaste.

L’anecdote : faute de temps, pour jouer son rôle, Sam Jackson a tourné ses scènes en un week-end seulement, car en parallèle, il bossait sur Sphere de Barry Levinson.

2003 – 2004 – Kill Bill 1 & 2, Chambara et Western Spaghetti

Le casting : Uma Thurman, Lucy Liu, Daryl Hannah et David Carradine

Le pitch : lors d’une cérémonie dans une chapelle en plein désert, un commando fait irruption et dézingue tout le monde. Laissée pour morte, la mariée, enceinte de surcroit, retrouve ses esprits après un coma de quatre ans. L’heure de la vengeance a donc sonné !

Les films : tournés simultanément, les deux volets se suivent totalement et font une seule et même histoire. Pour ce délre sanguinolant sur fond d’arts martiaux, Tarantino retrouve Uma Thurman et assume totalement ses références aux films de kung-fu en affublant la copie conforme à l’actrice, de la combinaison jaune de Bruce Lee dans Le Jeu de la Mort. Cette histoire de quête et de vengeance, dans une violence si outrancière et esthétisée qu’elle en est forcément comique, se conclu comme un pied de nez à l’histoire dans le deuxième volet, par l’apparition de David Carradine, ce même Carradine qui avait obtenu le rôle principal dans la série Kung-Fu au détriment de Lee jugé trop « typé ». Là encore, le public se divisera entre ceux qui hurlent à la facilité et ceux qui se mettront sans problème dans la peau d’un petit scarabée admiratif.

L’anecdote : c’est près de 500 litres de faux sang qui auraient été utilisés pour le tournage des deux volets.

2007 – Death Proof, Grindhouse like

Le casting : Kurt Russell, Zoe Bell, Rosario Dawson, Vanessa Ferlito et Sydney Tamiia Poitier

Le pitch : un trio féminin, qui vit la nuit, allume les mecs dans les bars et dancings du Texas. Elles vont rencontrer Mike, un cascadeur au visage balafré, inquiétant, et qui va les suivre à la trace au volant de sa bagnole tout aussi inquiétante.

Le film : c’est le plus gros échec du réalisateur. Jusqu’au-boutiste dans sa violence, ce film de course-poursuite qui met en scène un drôle de triangle amoureux : le bourreau, les victimes et… les bagnoles, se termine tout de même par une scène totalement jubilatoire et féministe. Là aussi, Tarantino dégote « l’acteur » qu’il fallait, en allant une fois de plus, aller chercher dans ses idoles de jeunesse, le magnifique Kurt Russell qui campe un psychopathe déjanté aux petits oignons. Cet hommage au cinéma Bis, sorti aux Etats-Unis en combinaison avec Planet Terror de Robert Rodriguez n’a pas fonctionné auprès du public.

L’anecdote : Zoe Bell qui incarne le personnage de la casse-cou Zoe dans le film, est en fait une cascadeuse néo-zélandaise, qui a été la doublure d’Uma Thurman dans le diptyque Kill Bill.

2009 – Inglourious Basterds, Christoph Waltz superstar !

Le casting : Brad Pitt, Mélanie Laurent, Christoph Waltz, Michael Fassbender et Diane Kruger

Le pitch : 1940, la jeune Shosanna Dreyfus assiste à l’exécution de sa famille par le colonel nazi Hans Landa. Shosanna s’échappe, s’enfuit à Paris où elle se construit une nouvelle identité en devenant exploitante d’une salle de cinéma.

Le film : après les arts martiaux, les gangsters, les bagnoles… Tarantino aborde la Seconde Guerre Mondiale, mais avec une lecture cynique, croustillante et bien personnelle. Avec un Brad Pitt inquiétant par moments et hilarant par d’autres, mais toujours époustouflant, Inglourious Basterds surprend avec un nouveau venu au casting, pour une fois non issu des souvenirs de jeunesse du réalisateur : Christoph Waltz. Le comédien, plus habitué à jouer dans des épisodes de Dexter qu’à sillonner les red carpets d’Hollywood, est déjà bien usé quand il est recruté pour le film. Résultat, ce sera un Oscar pour lui et une carrière qui n’en finira plus de gravir les échelons de la célébrité. Hans Landa sera le rôle de sa vie. Tarantino retrouve le chemin du succès avec ce film, et la douleur de l’échec de Death Proof s’éloigne enfin. Côté actrices, c’est la plus mauvaise performance de Mélanie Laurent au cinéma mais la meilleure prestation de Diane Kruger de toute sa carrière.

L’anecdote : à l’inverse des autres réalisateurs qui ont tendance à raccourcir leur film après une projection au festival de Cannes, Tarantino, lui, a décidé de rajouter des scènes à son long-métrage pour la sortie en salles.

2012 – Django Unchained, western et esclavagisme

Le casting : Jamie Foxx, Christoph Waltz, Leonardo DiCaprio, Samuel L. Jackson et Kerry Washington

Le pitch : dans le sud des États-Unis, le chasseur de primes, le Dr King Schultz, fait l’acquisition d’un esclave nommé Django. Ce dernier peut l’aider à arrêter les frères Brittle qu’il recherche. Schultz promet à Django de l’affranchir s’il l’aide à les capturer morts… ou vifs.

Le film : inspiré de l’ultra violent Django de Sergio Corbucci avec Franco Nero, à ce jour, Django Unchained avec ses 100 millions de dollars, est le plus gros budget des films de Tarantino, mais avec ses 425 millions de billets verts de recette, c’est également le plus gros carton du réalisateur au box-office. Christoph Waltz rempile avec QT et incarne un Dr Schultz totalement délirant, DiCaprio exerce une fois de plus son talent incomparable, Jamie Foxxx arbore fièrement son attitude afro américaine dans une œuvre, qui au-delà de son sujet sur l’esclavagisme, résonne comme un manifeste contre une Amérique qui s’est construite sur la violence et l’injustice. Tarantino n’y évite pas ses trois critères préférés : action, humour et violence.

L’anecdote : le cinéaste voulait réaliser depuis longtemps un western spaghetti en hommage à une de ses idoles, Sergio Leone. Le titre de départ du projet était même The Angel, The Bad And The Wise en référence au Bon, La Brute et Le Truand.

2016 – Les 8 Salopards, western bis !

Le casting : Samuel L. Jackson, Kurt Russell, Jennifer Jason Leigh, Walton Goggins, Demián, Bichir, Tim Roth, Michael Madsen et Bruce Dern

Le pitch : Surpris par le blizzard, le chasseur de primes John Ruth, et sa prisonnière Daisy Domergue trouvent refuge dans une auberge. Ils y sont accueillis par quatre personnages énigmatiques : le confédéré, le mexicain, le cowboy et le court-sur-pattes.

Le film : quatre ans après Django, Tarantino nous remet une couche de western mais cette fois-ci, adieu les grandes plaines, place au huis clos entouré de neige et de tempête. Sorte de Reservoir Dogs du far-west dans sa narration, Les 8 Salopards reprend les vieilles recettes du réalisateur, mais avec une écriture beaucoup plus pointue et sophistiquée que par le passé. Etouffant et parfois insoutenable de tension et de chocs visuels, le film a remporté un joli succès avec un score final de 156 millions de dollars. Toutefois, il lui a été reproché une sorte de misogynie et une violence gratuite qui bizarrement, n’a pas été vue au second degré par tout le monde. Ce sera son dernier film sous l’ère Weistein.

L’anecdote : la toute première affiche du film montrait une diligence laissant une traînée de sang. Cette dernière était en référence directe avec l’affiche du western La Chevauchée Fantastique du maître en la matière John Ford.

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