Par Colonel Dawa

Marseille, Zachary est un petit délinquant de 17 ans qui sort de prison. Rejeté par sa mère, il zone dans les quartiers populaires de la ville, il y rencontre Shéhérazade, une jeune prostituée. Le réalisateur Jean-Bernard Marlin livre une sublime histoire d’amour à la fois sombre et tendue mais également lumineuse.

Intense et poignante, cette plongée dans les bas-fonds marseillais aurait pu être tournée à peu près n’importe où tant les thèmes abordés sont universels.

Ici on parle de drogue, de prostitution, de misère, mais pas seulement, Marlin filme également de manière brutale et intransigeante, des personnages en quête d’amour. Amour maternel, amour des autres et amour tout court.

Pour son premier long-métrage, Jean-Bernard Marlin a eu l’excellente démarche d’aller chercher des acteurs non-professionnels.

L’authenticité avant tout

Si ce processus créatif a déjà été appliqué pour pas mal de films français ces dernières années, la touche « ++ » de Shéhérazade est que pratiquement tous les comédiens interprètent leur propre rôle, ou tout du moins des expériences déjà vécues dans leurs vies respectives. A ce propos le jeune réalisateur déclare : « Ils ont instinctivement le langage, les gestes des personnages. Leur visage raconte une histoire. Mon producteur, Grégoire Debailly, aime aussi les histoires ancrées dans le réel, avec une approche documentaire. Il produit les films de Samuel Collardey. Mais, avec Shéhérazade, je suis allé un peu plus vers la fiction ».

Ce qui confère au film une vérité difficilement discutable et qui jamais, ne dérive vers le documentaire filmé.

C’est ainsi que l’interprète de Zac, Dylan Robert a quasiment été recruté à la sortie de taule. Il marque indéniablement le film par une présence incandescente et une énergie qui lui permettent, sans aucune exagération de littéralement crever l’écran.

Un film féminin

Le film démarre par la sortie de prison de Zachary. Récupéré par son éducatrice, Zac s’étonne avec tristesse que sa « Daronne » ne soit pas venue l’accueillir. Cette scène pose immédiatement la félure abyssale du personnage, cet amour maternel défaillant va servir de fil rouge durant les 1h52 que dure le film.

Mais en plus d’une œuvre sur l’amour, le propos principal de Shéhérazade est axé sur la « femme ». A défaut de faire un film résolument féministe, Marlin a réalisé un film féminin. Il y a la mère « bourreau » défaillante, principale responsable de la dérive de Zac, il y a l’amoureuse, qui va le conforte dans l’idée qu’il est, malgré sa dérive, un être aimable et respectable, et il y a la copine « sauveuse », dont je ne dévoilerai pas le rôle, afin de ne pas complètement spoiler le dénouement de l’histoire.

Concernant les hommes, ils sont soit assez lâches et irresponsables, soit inexistants, jamais le père de Zachary n’est évoqué.

Une œuvre brute

Pour l’anecdote, les personnages de Zac et de Shéhérazade – jouée par la touchante Kenza Fortas -, se connaissent depuis l’âge de 10 ans. Issus de la Belle de Mai, un des quartiers les plus en souffrance de la cité phocéenne, ils y ont été amoureux, puis perdus de vue pour finalement se retrouver lors du tournage.

Il en ressort une œuvre brute, qui ne cède en rien aux dérives actuelles d’un cinéma plus spectaculaire qu’ancré dans la vérité, une vérité qui transpire à chaque image, parole et situation. Ici c’est justement la vérité qui est spectaculaire !

Shéhérazade est un film touchant, intransigeant, optimiste, un film sur les femmes, un film sur l’espoir, cet espoir que seul l’amour peut transformer.

Et si l’amour nous sauvait tous à la fin !?

Date de sortie : 5 septembre 2018 – Durée : 1h52 – Réal. : Jean-bernard MarlinAvec : Dylan Robert, Kenza Fortas, Idir Azougli… Genre : drame – Nationalité : française

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