Par Colonel Dawa

Tony Lip, un italo-américain légèrement sanguin, est engagé comme chauffeur par un célèbre pianiste noir pour une tournée de deux mois dans le sud des Etats-Unis. Problème, on est en 1962 en pleine ségrégation.

Peter Farrelly, co-réalisateur avec son frère Bobby, des comédies cultes et hilarantes Dumb and Dumber, Fous d’Irène et Mary à tout prix, après avoir fait ses classes en solo en réalisant la saison 2 de la série Loudermilk, sort son premier long métrage sans son frangin, et c’est une réussite.

Tiré d’une histoire vraie, ce road movie associant un italo-américain né dans le Bronx à un pianiste black de renommée internationale aux allures bourgeoises, se révèle plus comme une histoire d’hommes et une rencontre des oppositions, plutôt qu’un pamphlet anti raciste.

Un duo d’acteurs formidables

Tony Vallelonga alias Tony Lip interprété par un Viggo Mortensen qui nous a fait une « Christian Bale » tant il est méconnaissable et en surpoids, livre une prestation remarquable et c’est probablement le meilleur rôle que le comédien a pu endosser jusqu’à présent dans sa carrière.

Mahershala Ali, que l’on verra prochainement dans Alita : battle Angel et qui brille actuellement dans la saison 3 de True Detective, apporte son élégance naturelle à son personnage de Don Shirley, pianiste, fier et qui entreprend courageusement de sillonner le sud pour aller se faire applaudir par une population plutôt hostile à sa couleur de peau.

Pour cette tournée, les deux hommes que tout oppose, vont se référer à The Negro Motorist Green-Book, un guide de voyage annuel publié entre 1936 et 1966, et qui recensait les établissements qui acceptaient la clientèle noire.

Va commencer une route pendant laquelle les deux protagonistes vont apprendre à se connaître, à se tolérer et peut-être s’apprécier.

Les démons de l’intolérance

Peter Farrelly a très intelligemment évité les écueils classiques du genre, à savoir un discours bien-pensant, binaire et moralisateur. Et c’est probablement en grande partie grâce au scénariste Nick Vallelonga, qui n’est autre que le fils du vrai Tony, qui a su apporter toute la véracité et la subtilité de cette histoire qui se dévoile au long du film comme une ode au respect et à la tolérance, mais qui met en avant toutes les contradictions et la violence d’une société américaine, qui à l’heure actuelle, continue de faire face à ses démons.

Viggo Mortensen a déclaré à ce sujet : « S’extraire du temps présent permet de laisser derrière soi le bruit de fond constant de nos préoccupations et de nos préjugés, toutes ces choses qui nous empêchent d’entendre vraiment ce que l’autre a à dire. Quand, à travers un film d’époque […], on observe la manière dont les gens se comportaient dans le passé, on en apprend souvent davantage sur le présent qu’avec un film se déroulant dans un cadre contemporain. »

Une réalisation impeccable

Coté formel, la réalisation de Farrelly est impeccable, et si le film reste un « feel-good movie », le cinéaste sait y apporter toute la profondeur et l’émotion nécessaire à la réussite de son œuvre.

Green Book n’est pas moralisateur, il fait juste un constat d’une nature humaine qui manifestement, peine à accepter les différences, soit par principe, soit par conviction, soit par idiotie.

Tony Vallelonga a été rebaptisé Lip comme « lèvres » pour sa gouaille et sa tchatche, et c’est ce trait de caractère qui lui procure une faculté d’adaptation à des mondes qui lui sont totalement étrangers, Tony Lip ne juge pas, ne s’obstine pas, il s’adapte mais attire aussi les autres dans son univers.

On est émus, parfois révoltés mais souvent amusés, il faut aller voir Green Book, ne serait-ce que pour voir un excellent film.

Sortie : 23 janvier 2019 – Durée : 2h10 – Réal. : Peter Farrelly – Avec : Mahershala Ali, Viggo Mortensen, Linda Cardelinni… – Genre : comédie – Nationalité : américaine

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