Par Tramber

Castro, animateur en perte de popularité, se rend à la campagne pour la pendaison de crémaillère de Nathalie, sa productrice et ex belle-sœur. Hélène, son ex-femme est également invitée ainsi que leur fille Nina, qui vient de sortir un second bouquin inspiré de la vie de ses parents. Si le cynisme et l’humour caustique sont bien là, malgré quelques bons mots, il semblerait que le style Jaoui/Bacri s’essouffle un peu.

Les Bacri/Jaoui, je les ai beaucoup aimés. Certes, ils représentent à eux deux, le pire d’une gauche bien plus bourgeoise que bohème, et une bien-pensance assez extrême, mais le tout a toujours été enrobé par de bons dialogues et surtout d’une dose d’humour assumée, qui jusqu’ici, faisait mouche à presque tous les coups.

C’est donc dans les meilleures dispositions que je voulais voir ce film, d’autant que la performance de Jean-Pierre Bacri dans Le Sens de la Fête m’avait plutôt convaincue.

Manque de renouvellement

Malheureusement, il manque dans ce Place Publique, un vrai renouvellement du style Bacri/Jaoui. Jean-Pierre Bacri qui nous ressert avec Castro, une millième fois son personnage d’aigri et qui supporte de moins en moins l’âge qui avance. Alors même s’il le fait bien, on peut quand même se poser la question s’il est finalement capable d’incarner autre chose ?

Agnès Jaoui, quant à elle, nous ressert également une énième version de la bobo engagée dans des œuvres humanitaires mais remplie de contradictions, un personnage vu et revu et qui peine à nous faire vraiment rire, et encore moins à réfléchir.

Jaoui toujours, qui a réalisé le film et co-écrit le scénario avec Bacri, a tout de même essayé d’insuffler un soupçon de modernité dans son film avec la présence d’un Youtubeur blindé de followers, personnage en opposition totale avec celui de Castro. Ça aurait pu être une excellente idée si elle ne s’était pas vautrée dans l’écriture d’une vraie caricature. Elle est allée recruter Mister V, un des jeune vidéastes précurseurs, avec Norman et Cyprien pour l’occasion. L’intention était bonne mais même ça, ça tombe à plat. En gros, une vision totalement désabusée d’une sexagénaire sur la jeune génération.

Figés dans les années 1990 et 2000

C’est là que le problème réside vraiment, à force de critiquer le jeunisme, le parisianisme, la société moderne, notre duo d’auteurs finit par dépeindre une société dont ils sont eux-mêmes les artisans et premiers acteurs, donc forcément avec une aptitude au recul proche de zéro.

Ce qui marchait dans Le Goût des Autres ou encore Cuisine et Dépendances, ne fonctionne plus car depuis, la société a continué d’avancer et les Jaoui/Bacri sont restés figés dans les années 1990 et 2000.

Du côté des personnages secondaires, et bien ils le sont réellement et pas assez creusés. On y croise pêle-mêle, Léa Drucker qui s’en sort plutôt bien en caricature de productrice avec son téléphone en intra veineuse, Sarah Suco qu’on verra dans Comme des Garçons le 25 avril, en serveuse midinette, Kévin Azaïs, déjà croisé dans Le Sens de la Fête, en chauffeur de Castro, Héléna Noguerra, en femme de Castro dont elle subit les foudres de la jalousieet entre autre Nina Meurisse, qui incarne Nina, la fille de Castro et d’Hélène. Autant de rôles qui sont censés mettre en avant le duo principal, mais ça ne suffit pas à donner du souffle à la narration.

Du coup, on est un peu à côté de la plaque car même l’écriture, qui était jusqu’ici, ce qui sauvait le couple, n’est pas, n’est plus à la hauteur. Alors évidemment, ce n’est pas complètement nul, on sourit parfois, on rit parfois, on est à la limite de l’éclat de rire parfois, mais… parfois seulement.

Place Publique n’est malheureusement que du « cinéma de papa », et qui s’essouffle inexorablement plus les années passent, un peu comme Castro, son personnage principal.

Sortie : 18 avril 2018 – Durée : 1 h 38 – Réal. : Agnès Jaoui – Avec : Agnès Jaoui, jean-Pierre Bacri, Léa Drucker… – Genre : comédie – Nationalité : française

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